Édito
Conflit Iran-Israël : Emmanuel Macron réduit au rang de commentateur

Le président de la République tente de relancer une initiative diplomatique, appuyée par ses partenaires européens, pour obtenir un règlement négocié du conflit entre Israël et l’Iran, mais face à l’escalade militaire la France se retrouve marginalisée.

Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Emmanuel Macron s'adresse à la presse lors du sommet du G7 au Pomeroy Kananaskis Mountain Lodge à Kananaskis, Alberta, Canada, le 17 juin 2025. (LUDOVIC MARIN / AFP)
Emmanuel Macron s'adresse à la presse lors du sommet du G7 au Pomeroy Kananaskis Mountain Lodge à Kananaskis, Alberta, Canada, le 17 juin 2025. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Emmanuel Macron a réuni mercredi 18 juin un conseil de défense consacré à la guerre entre Israël et l’Iran. Le président de la République a annoncé une prochaine "initiative" française. Elle est portée par le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, et appuyée par nos plus proches partenaires européens pour proposer un "règlement négocié" de la crise. En fait, le chef de l’État cherche à reprendre la main en ressuscitant son leadership européen. Un moyen d’essayer de peser, d’infléchir le cours d’un conflit sur lequel il n’a pour l’heure aucune prise.

Cet appel à la négociation semble à la fois prématuré, et vain. Vain, parce qu’aucun des belligérants n’y prête attention. Et prématuré parce que dans le même temps, Emmanuel Macron juge légitime l’attaque préventive d’Israël pour éradiquer la menace nucléaire iranienne. Au bout de six jours, il est trop tôt pour affirmer que cette menace a disparu et que les bombardements peuvent cesser pour laisser la place au retour des discussions. 

Destruction de l'arsenal, mais pas de renversement du régime

Ce n’est d’ailleurs pas ce que dit le chef de l’État. Emmanuel Macron appelle Israël à mettre  "urgemment fin" aux frappes qui "visent des objectifs sans lien avec le programme nucléaire et balistique iranien", mais pas les autres. À ses yeux, les cibles militaires restent légitimes. C’est toute la difficulté de la position française. Favorable à la destruction de l’arsenal iranien au nom de la sécurité d’Israël et de la stabilité de toute la région. Mais hostile au renversement du régime des mollahs par la force, "une erreur stratégique" parce que "tous ceux qui croient qu’en frappant avec des bombes depuis l’extérieur, on sauve un pays malgré lui-même et contre lui-même se sont toujours trompés", a asséné le chef de l’État. Le problème, c’est que Benyamin Nétanyahou et son allié Donald Trump semblent être en train de passer d’un objectif à l’autre.
 
Emmanuel Macron ne peut rien y faire. Il est réduit au rang de commentateur de ce conflit. Un spectateur d’autant plus frustré que cette nouvelle guerre a enterré, au moins pour un temps, l’offensive diplomatique qu’il préparait depuis des mois, la reconnaissance de l’État de Palestine. Une initiative incertaine, mais spectaculaire, qui lui aurait redonné un rôle moteur au Proche-Orient. Au lieu de ça, le fracas des bombes a rendu la voix de la France de nouveau inaudible. Et Donald Trump s’est même offert le petit plaisir d’infliger une humiliation publique à cet "Emmanuel qui ne comprend jamais rien". Il était fâché que son homologue français lui attribue une proposition de cessez-le-feu inexistante. Il est vrai qu’avec les propos à l’emporte-pièce de Donald Trump, même la position de simple commentateur est devenue risquée...

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