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Édito
Comment Emmanuel Macron se retrouve empêtré dans la crise algérienne
Avec l’expulsion mutuelle de 24 agents diplomatiques, le président français, qui a le plus fait pour la réconciliation des mémoires, se retrouve confronté à une crise profonde des relations franco-algériennes, sans doute la plus grave depuis l’indépendance de l’Algérie.
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Début avril, le chef de l’État espérait renouer un "dialogue fructueux" avec le président algérien Abdelmadjid Tebboune. Le principe d’une prochaine rencontre entre les deux hommes était acté. Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, avait joué les émissaires. Et puis, patatras, le 13 avril, Alger a pris prétexte de la décision de la justice française d’arrêter un de ses agents consulaires, poursuivi pour l’enlèvement d’un opposant au régime, pour expulser douze agents français. Paris a répliqué de la même manière. Pour Emmanuel Macron, la crise est d’autant plus brutale qu’elle prend à revers ses efforts depuis plusieurs années.
Parce qu’Emmanuel Macron est sans doute le président de la Ve République qui a le plus œuvré à la "réconciliation des mémoires" franco-algériennes. En 2017, en pleine campagne présidentielle, il avait qualifié, à Alger, la colonisation de "crime contre l’humanité", quelques mois après avoir évoqué "les éléments de civilisation" et les "éléments de barbarie" issus de la présence française en Algérie.
Une fois élu, il a enchaîné les gestes d’apaisement. La reconnaissance de la responsabilité de la France dans les assassinats, en 1957, de Maurice Audin, militant de l’indépendance, et de l’avocat Ali Boumendjel. Et surtout le rapport commandé à l’historien Benjamin Stora qui a notamment conduit aux excuses de la France envers les harkis abandonnés par l’État, et à la commémoration officielle du massacre à Paris de plus d’une centaine de militants algériens le 17 octobre 1961.
L’enjeu mémoriel balayé par la politique intérieure
L’été dernier, un tournant diplomatique a tout chamboulé. Emmanuel Macron a reconnu la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, ce territoire disputé à Rabat par le Front Polisario soutenu par Alger. Le régime algérien s’en est saisi pour déclencher une vraie crise, aggravée par la détention de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal. Lancé à la conquête de LR, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau n’a cessé, de son côté, de mettre de l’huile sur le feu.
On comprend que si Emmanuel Macron se retrouve dans l’impasse, c’est que la relation franco-algérienne n’est plus un enjeu mémoriel. C’est devenu un sujet de politique intérieure. À Alger, le pouvoir attise le sentiment anti-français pour accroître son emprise sur le pays, pendant qu'à Paris, pour courir après leur base électorale, des candidats rivalisent de coups de mentons sur le dossier des OQTF - jusqu'à rêver de les exiler à Saint-Pierre et Miquelon. Bref, de part et d’autre de la Méditerranée, des apprentis sorciers instrumentalisent ce conflit pour faire fructifier leurs intérêts. Au détriment de ceux des populations dont les destins restent étroitement mêlés.
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