"Crimes contre l’humanité" sur France 2 : une immersion exceptionnelle dans les procès Barbie, Touvier et Papon

C’est grâce à Robert Badinter, garde des Sceaux de 1981 à 1986, que les audiences ont pu être intégralement filmées. Sur les centaines d’heures d’archives, le réalisateur Gabriel Le Bomin en a sélectionné trois par procès. Une collection documentaire d’une rare intensité.

Article rédigé par Célyne Baÿt-Darcourt
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Gabriel Le Bomin, réalisateur de "Crimes contre l'humanité" sur France 2. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)
Gabriel Le Bomin, réalisateur de "Crimes contre l'humanité" sur France 2. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

À partir du 8 avril, France 2 diffuse une collection documentaire "Crime contre l'humanité", réalisée par Gabriel Le Bomin. Cette série retrace les trois procès emblématiques qui ont eu lieu en France pour crimes contre l'humanité : ceux de Klaus Barbie, Maurice Papon et Paul Touvier. Ces procès ont permis de juger des responsables de la déportation, de la torture et de la persécution de milliers de Juifs et de résistants.

Gabriel Le Bomin souligne l'importance de ces procès, qui, bien qu'inédits, ont été filmés à la demande de Robert Badinter, alors garde des Sceaux. "C'est la grande idée de Robert Badinter dont on mesure la vision historique, qui décide, avec le procès Barbie, d'autoriser ce qui est interdit dans les prétoires, c'est-à-dire la captation d'images et de sons." Avant 1987, les seules images des procès étaient les croquis. Grâce à ce changement, les procès Barbie, Papon et Touvier ont été enregistrés dans leur intégralité. "Sans Robert Badinter, il y aurait eu ce trou de mémoire. Parce qu'aujourd'hui, le procès Barbie, ça aurait été quelques lignes dans le livre d'histoire, mais absolument pas la puissance immersive de ses heures d'audience."

Renforcer le côté immersif

Un grand travail a été réalisé sur la réduction des heures d'archives avec une minutieuse sélection. "On a tout visionné et on a fait des choix arbitraires. [...] C'est la souffrance d'un réalisateur, c'est de choisir et donc de perdre". Pour le procès Barbie, Gabrel Le Bomin explique qu'ils ont choisi "de se concentrer sur les trois actes d'accusation pour lesquels Barbie est devant le tribunal, c'est-à-dire la rafle des enfants d'Izieu, la rafle de la rue Sainte-Catherine et le dernier train de déportation d'août 44. Ce sont les trois actes pour lesquels on peut le juger pour crimes contre l'humanité, qui est un crime défini juridiquement de façon très spécifique".

Ces choix ont permis de rendre l’histoire aussi immersive que possible, en mettant en avant les témoins directs des crimes, ceux qui ont été persécutés par Barbie. Certains témoignages historiques d’importance, comme ceux d’Élie Wiesel ou de Geneviève de Gaulle, ont malheureusement dû être écartés pour rester fidèle au principe de centrer le récit sur les victimes directes.

L'une des images les plus fortes du procès Barbie, selon Gabriel Le Bomin, est l'arrivée de l'accusé dans le tribunal. "C'est un homme banal qui rentre dans le tribunal [...] et pourtant il est l'incarnation du mal, raconte-t-il. Il va regarder les avocats les uns après les autres, il va regarder les victimes et tous vont dire 'On a ressenti une douche froide, on a ressenti quelque chose d'effrayant qui a traversé la salle' et en fait, beaucoup ont reconnu Barbie en raison de ce regard-là". 

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