"Anne Frank était d’une modernité incroyable", confie le réalisateur Alexandre Moix

Dans son documentaire "Anne Frank, journal d’une adolescente", Alexandre Moix mélange lecture impeccable du texte par Suliane Brahim, images de reconstitution, images d’archives et images d’adolescentes d’aujourd’hui. Diffusion mardi à 21h10 sur France 2, dans le cadre d’une soirée qui commémore les 80 ans de la mort d’Anne Frank.

Article rédigé par Laurent Valière
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Alexandre Moix, réalisateur. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)
Alexandre Moix, réalisateur. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

"L'idée de ne jamais pouvoir sortir m'oppresse, j'ai très peur qu'on nous découvre et qu'on nous fusille", ce sont les mots d’Anne Frank qu’Alexandre Moix nous permet d’entendre dans son nouveau documentaire Anne Frank, journal d'une adolescente. Le film sera diffusé à 21h10, mardi 4 mars 2025 sur France 2, lors d'une soirée spéciale qui commémore les 80 ans de la mort de la jeune fille. En février ou en mars 1945, Anne Frank mourait à l'âge de 15 ans dans un camp nazi. Sa famille juive s'était cachée durant deux ans à Amsterdam et puis quelques mois avant la Libération, tout le monde fut arrêté et déporté. Son journal intime sera retrouvé et publié en 1947. Depuis, il s'est vendu à 25 millions d'exemplaires.

"J'ai redécouvert une grande écrivain, elle était capable de faire des portraits au vitriol et aussi d'avoir une vraie philosophie sur l'histoire, un recul qui est absolument incroyable", souligne Alexandre Moix. Ce texte incroyable, ardent, nous fait découvrir les émois d'une adolescente qui parle de sa vie, de ses peurs, avec parfois beaucoup d'espièglerie. Parce qu’Anne Frank avait beaucoup d’humour, rappelle le réalisateur : "Elle était effectivement impertinente, insolente, elle était d'une modernité incroyable". Des propos sur le féminisme, la position de la femme dans la société, mais tout cela dans le contexte historique de la Shoah où elle craint chaque jour pour sa vie.

"Je voulais qu'on soit en immersion totale avec Anne Frank, je voulais que le journal se raconte, que ce soit un film d'Anne Frank par Anne Frank, sans faire intervenir des historiens ou des spécialistes."

Alexandre Moix

à franceinfo

Pour être au plus près de l’auteure et de son ressenti, il mêle au texte du journal lu par Suliane Brahim, des reconstitutions et même des adolescentes d'aujourd'hui. "Je voulais parler à la jeunesse, je voulais qu'Anne Frank s'adresse aux jeunes", explique-t-il. Dans son journal, elle s'adresse à une amie imaginaire qu'elle appelle Kitty". "Je me suis dit que Kitty, c'était nous tous, les lecteurs, c'étaient tous ces adolescents d'aujourd'hui, poursuit-il, des jeunes qui vont au cinéma librement, qui se baladent dans la rue, qui fêtent leur anniversaire avec leurs copines librement". Anne Frank, elle, s'est cachée pendant deux ans dans une annexe avec les membres de sa famille, avant d’être assassinée.

Des pépites d’archives

L’équipe a pu tourner des images dans la maison d'Anne Frank à Amsterdam. "On a eu l'exclusivité de pouvoir tourner dans la maison alors qu'aucune caméra ne peut y pénétrer", raconte Alexandre Moix. Il a aussi eu entre ses mains, toujours en exclusivité, le journal que le Fonds Anne Frank lui a prêté, permettant une reconstitution "au centimètre près la chambre d'Anne Frank". "Ce n'est pas un docu-fiction, il n'y a pas de dialogues inventés, c'est le journal vraiment pur qui se raconte à la virgule près", précise-t-il.

Dans son documentaire, il intègre la nouvelle version du journal qui date des années 90, avec des extraits qui n'avaient pas été exploités, notamment sur la sexualité, la découverte du corps, le féminisme. On découvre aussi dans le film des photos d'Anne Frank, photographiée plus de 500 fois par son père, et même des archives inédites de la vie quotidienne à Amsterdam sous l'Occupation. "C'est une famille pleine d'espoir, très liée, très soudée et face à la tragédie de l'histoire, finalement, on s'aperçoit que les liens de la famille sont essentiels", conclut-il.

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