"Nastassja Kinski : une vie à soi" : l'émancipation d'une actrice phare des années 80

Un documentaire diffusé lundi soir sur Arte revient sur la carrière de Nastassja Kinski, de ses débuts européens à la consécration internationale.

Article rédigé par Matteu Maestracci
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Nastassja Kinski en 1984 dans "Paris, Texas" de Wim Wenders (ARGOS FILMS / TWENTIETH CENTURY FOX)
Nastassja Kinski en 1984 dans "Paris, Texas" de Wim Wenders (ARGOS FILMS / TWENTIETH CENTURY FOX)

Réalisé par Marie-Gabrielle Fabre, ce documentaire sur Nastassja Kinski commence avec l'image la plus mémorable du film Paris, Texas de Wim Wenders, Palme d'or à Cannes en 1984 : celle de l'actrice dans le rôle de Jane, dans son pull en mohair rose. C'est d'ailleurs le réalisateur allemand qui avait fait débuter la comédienne dans Faux mouvement, neuf ans plus tôt.

Mais c'est La Fille en 1978, drame incestueux italien avec Marcello Mastroianni qui a conditionné ensuite son début de carrière : bien qu'adolescente, Nastassja Kinski y apparaît parfois dénudée, ce qui l'abonnera un temps aux rôles de femme fatale. Des rôles dans lesquels elle s'implique pourtant à corps perdu, souligne Marie-Gabrielle Fabre, la réalisatrice du documentaire : "Elle a envie de faire des choses différentes. Dans chaque personnage elle voit sans doute une forme de nouveauté, et elle se rend compte après qu'à l'image c'est encore la même chose. Elle accepte tous les rôles, l'un après l'autre."

"Elle court un marathon, en fait : elle a besoin de beaucoup de rôles, d'être regardée par la caméra, de donner à la caméra tout ce qu'elle peut et elle est épuisée quand ça s'arrête. Mais il faut qu'elle recommence."

Marie-Gabrielle Fabre

à franceinfo

Fille de l'acteur Klaus Kinski, marquée par une enfance chaotique où elle sera plus ou moins abandonnée, Nastassja Kinski devient une jeune femme cultivée, polyglotte, qui rêve de rôles différents, plus matures, plus complexes et qui ne la ramènent pas tout le temps à sa beauté.

Paradoxalement, c'est Roman Polanski, aujourd'hui fustigé par une bonne partie des féministes pour les viols dont il est accusé, qui lui donnera un premier grand rôle de femme émancipée avec Tess en 1979. "C'est le premier film où elle n'est pas déshabillée, et c'est le premier film où elle a la parole, confirme Marie-Gabrielle Fabre. Elle est le personnage principal et il lui rend sa dignité, en quelque sorte. Roman Polanski a quand même une forme d'emprise sur elle : après Tess, il va l'empêcher d'accéder à certains rôles. C'est pour cela qu'elle part aux États-Unis tourner avec Coppola, puisque lui ne peut pas aller aux États-Unis. À ce moment-là, elle ouvre sa carrière d'actrice internationale, en tournant avec Coppola, Schrader... sur le sol américain."

Passionnant, écrit selon le prisme des enjeux sociétaux d'aujourd'hui, et surtout rempli de nombreuses archives, Nastassja Kinski : une vie à soi est à voir lundi 18 août à 23h20 sur Arte, et sur la plateforme Arte.tv.

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