"La direction de l’absent", un choc
Ruth Zylberman publie son premier roman, "La direction de l'absent" chez Christian Bourgois. Ou comment s'approprier l'histoire de la Shoah, quand on est descendant de déportés.
Et si Ruth Zylberman, par ailleurs documentariste, a attendu d'avoir 40 ans pour écrire ce roman très autobiographique, c'est que cet héritage ne se reçoit pas facilement. Son personnage principal a son âge, quand sa grand-mère, survivante du camp de Bergen-Belsen, meurt, sa mère, enfant pendant la déportation, tente de retrouver la trace de son père jamais revenu. Ruth Zylberman mêle cette quête, dont le but est plus le chemin qu'une éventuelle découverte, à la façon dont elle-même prend conscience de cet héritage. Sans tomber dans le pathos, elle décrit ce qu'est être petite fille et fille de déportés.
Peut-on faire de la fiction avec l'indicible, l'inracontable? La question revient régulièrement, récemment à Cannes avec le film "le fils de Saul" du hongrois László Nemes qui se passe à Auschwitz. Le débat ne sera jamais clos sur ce sujet, faut-il laisser l'histoire aux historiens? Ce qui est bouleversant dans ce roman, c'est comment Ruth Zylberman décrit à quel point ce passé s'immisce en elle et en son personnage, dans les histoires d'amour, comme le récit des déambulations dans les rues de Paris avec sa mère.
Elle parle de réaction nucléaire, être descendant de déporté, c'est vivre avec la radioactivité de la catastrophe. Alors qu'elle soit dans la vérité historique ou la fiction peu importe, c'est un livre organique dit-elle, il est aussi minéral, dans le style, resserré, c'est une écriture au galop, charnelle, avec des changements de direction étonnants, il a une dimension universelle, à la question de l'inracontable, Ruth Zylbermann répond par la force vitale, la nécessité.
Et puis on ne peut que se réjouir de lire d'aussi belles pages après le roman de Frederika Amalia Finkelstein, "l'oubli" qui n'a que 23 ans sur le même thème et qui avait bousculé la rentrée littéraire de septembre dernier. Il n'est plus question de devoir de mémoire, mais comme le dit Ruth Zylberman de littérature organique, de littérature du vivant.
"La direction de l'absent" de Ruth Zylberman, chez Christian Bourgois.
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