"Fantasmes, savoirs, liberté"... En Bretagne, une exposition sur les sorcières

Le musée de Pont-Aven, dans le Finistère, présente une exposition sur la figure de la sorcière dans l'art au XIXe siècle.

Article rédigé par Anne Chépeau
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Le musée de Pont-Aven (Finistère) met les sorcières à l'honneur jusqu'au 16 novembre (ANNE CHEPEAU / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)
Le musée de Pont-Aven (Finistère) met les sorcières à l'honneur jusqu'au 16 novembre (ANNE CHEPEAU / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

La sorcière peuple les contes de notre enfance mais elle a aussi beaucoup inspiré les artistes. Les 213 œuvres réunies à Pont-Aven, dont 46 provenant du musée d'Orsay, partenaire de l'exposition, témoignent de l'intérêt des artistes pour les sorcières. "C'est un prétexte pour donner libre cours à leurs fantasmes, leurs désirs, leur imaginaire, explique Leila Jarbouai, conservatrice en chef au musée d'Orsay. La sorcière se cristallise autour de quelques figures : les vieilles peaux, dont l'autre face est celle des allumeuses fatales. Il y a aussi une 'médicalisation' de la sorcière : les sorcières, ce sont aussi les hystériques, les femmes enfermées par les aliénistes ; cela peut être aussi les prostituées, les rebelles politiques... Et à la fin du XIXe siècle, on a cette image de la sorcière alchimiste, savante et prêtresse de la nature."

En 1862, l'historien Jules Michelet la réhabilite avec son livre La sorcière. "Il en fait une femme puissante, forte, en harmonie avec la nature, rebelle aux normes patriarcales et à l'Eglise, indique Sophie Kervran, directrice du musée de Pont-Aven. Et c'est de cette figure que se sont inspirées les féministes." Des féministes qui créent en 1970 une revue intitulée... Sorcières.

Diversité des représentations

Un dessin de Gustave Doré, récemment acquis par le musée d'Orsay et pour la première fois exposé, frôle ainsi la caricature. "Elle est représentée en pied, nous regardant d'un air menaçant, décrit Leïla Jarbouai. Elle a un pied de bouc qui émerge de sa robe, des formes mi-humaines mi-animales. Elle est vêtue de sa propre chevelure hirsute, qui forme comme un manteau de poils sur son corps. Elle dresse son balai telle une arme menaçante vers le ciel, le tout dans une atmosphère de clair-obscur, de nuit étoilée totalement fantastique."

"L'incantation ou le bois doré", de Paul Sérusier. Pont-Aven (Finistère), août 2025 (ANNE CHEPEAU / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)
"L'incantation ou le bois doré", de Paul Sérusier. Pont-Aven (Finistère), août 2025 (ANNE CHEPEAU / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Chez Paul Sérusier, un des peintres de l'école de Pont-Aven, les sorcières ont un tout autre visage, que présente Sophie Kervran : "On n'a plus du tout les attributs typiques de la sorcière. On voit trois Bretonnes dans une forêt très dense d'arbres rouges, qui vont rendre un culte à la nature, avec un rocher antropomorphe qui pourrait être un dieu ou une déesse invisible, et un feu."

Les sorcières ont aussi beaucoup inspiré musiciens et chanteuses… L'exposition propose une très large playlist.

"Sorcières – Fantasmes, savoirs, liberté" : une exposition à voir au Musée de Pont-Aven jusqu’au 16 novembre.

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