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Cinéma : "Anatomie d'une chute", un grand film signé Justine Triet

Culture d'été Yann Bertrand, Anne Chépeau et Thierry Fiorile Du lundi au dimanche

Chaque jour pendant l'été, le service culture de franceinfo vous fait partager ses coups de cœur. Mercredi 23 août : "Anatomie d'une chute", le nouveau long-métrage de la réalisatrice française, récompensé par la Palme d'or lors du dernier Festival de Cannes.

franceinfo, Matteu Maestracci

Radio France

Publié le 23/08/2023 09:24 Mis à jour le 24/08/2023 15:25

Temps de lecture : 3min

Le film "Anatomie d'une chute" de Justine Triet qui a triomphé à la 49e édition des César le 23 février . (LES FILMS PELLEAS - LES FILMS DE / COLLECTION CHRISTOPHEL VIA AFP)

Sandra est une autrice à succès, elle vit dans un chalet à la montagne avec son compagnon Samuel et leur fils, malvoyant. Ce jour-là, une étudiante est chez elle pour un entretien, Samuel, visiblement excédé, monte le son de la musique très fort, la jeune fille s'en va. Peu de temps après, il est retrouvé mort, baignant dans une flaque de sang sur la neige devant la maison. Anatomie d'une chute de Justine Triet raconte un fait divers, l'enquête et le procès qui s'en suivent, mais aussi la vie d'un couple et ses secrets.

>> "J’aime emmener le spectateur dans un horizon complexe, torturé", explique Justine Triet, réalisatrice d'"Anatomie d'une chute", Palme d'or à Cannes

Ce film va d'abord très minutieusement documenter l'enquête, puis le procès de Sandra qui finira par être accusée de meurtre. Et à l'audience, la tension et l'incompréhension dans leur couple seront dévoilées, avec leur fils jouant un rôle essentiel.

"J'avais très envie que le spectateur puisse tout suivre, toute la dynamique judiciaire, avant le procès, pendant et après" nous confiait Justine Triet à Cannes. "Je ne voulais pas faire un film dans un style américain, dans les travers du thriller, ça ne m'intéressait pas du tout. Et je me suis vraiment employée à ce qu'on prenne notre temps, à un rythme plus lent, à presque faire du documentaire. Je demandais des coupes plus lentes au monteur, avec un mot d'ordre : 'on n'est pas pressés'. D'ailleurs, la première version du film faisait 3h30 !". ll en fait 2h30 au final.

Une mise en scène brillante

Après plusieurs longs-métrages déjà remarqués, dont Victoria et Sybil qui avaient confirmé le grand talent de Virginie Efira, Justine Triet transcende ici un cahier des charges un peu austère et déjà beaucoup vu au cinéma, celui de l'enquête-procès. Avec mille idées de mise en scène à la minute, un jeu sur les langues, les sons et la musique. Et elle ausculte surtout les hauts et les bas d'un couple dont la femme est le moteur, dans un film co-écrit avec son compagnon, lui aussi cinéaste, Arthur Harari.

"En fait, ce film est presque un grand prétexte pour vraiment parler du couple et de la famille"

Justine Triet, réalisatrice
à franceinfo

"La question de l'égalité, de la parité dans le couple est au centre, et questionne cette utopie-là : de vivre ensemble et d'avoir une position égale. C'est une question passionnante, qui, moi, en tout cas m'intéresse beaucoup, et je la trouve aussi très contemporaine".

Brillamment écrit et dialogué, porté par des comédiens tous impeccables : l'allemande Sandra Hüller, magistrale dans le rôle principal, Swann Arlaud, Antoine Reinhartz, Milo Machado Graner qui joue le fils, ou encore la regrettée réalisatrice Sophie Fillières, disparue récemment, dans un petit rôle, Anatomie d'une chute est un grand film.