Avec "Le Château des Rentiers", Agnès Desarthe signe un des livres les plus personnels (et drôles) de la rentrée littéraire
Dans son nouveau roman, l'autrice convoque le souvenir de ses grands-parents, et s'imagine vivre comme eux en vieillissant, dans une sorte de communauté autogérée entre amis.
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Le Château des Rentiers, c'est une rue du 13e arrondissement de Paris et c'est là que vivaient les grands-parents maternels d'Agnès Desarthe, juifs originaires d'Europe Centrale qui habitaient en communauté, dans une sorte de colocation. Un "phalanstère" plus précisément avec des gens de leur génération et d'origine semblable, dans l'entraide et la solidarité.
Dans son nouveau livre, la romancière imagine recréer la même chose pour sa propre vieillesse, avec ses amis : "Maintenant que je vieillis, je me dis qu'ils avaient peut-être trouvé quelque chose. Et donc j'essaie de voir comment on pourrait inventer le même genre de système, qui donnerait envie de vieillir. Parce que c'est une terreur que tout le monde a auourd'hui, dans nos sociétes : les gens vivent de plus en plus vieux, ils sont de plus en plus nombreux, et personne n'a spécialement envie de s'en occuper. C'est une question à laquelle je cherche à répondre joyeusement, parce que nous sommes terrifiés des EHPAD ou des mouroirs, et souvent à juste titre d'ailleurs".
"Dans la vie, poursuit l'autrice, on a tous envie d'aller voir ce qui se passera dans un an, deux ans, etc. Jusqu'au jour où on se dit qu'on a plus envie d'avancer. Comme si on enfonçait les talons dans le sol et qu'on se freinait soi-même. Alors qu'il faudrait continuer. D'avancer, de s'amuser, de faire des projets. Parce que c'est ça être vivant."
Autodérision bienvenue
C'est donc avec ce désir, un brin utopique comme elle le reconnait elle-même, qu'Agnès Desarthe avance dans son récit. Ce qui lui permet aussi de convoquer de nombreux souvenirs de son enfance parmi cette communauté : des mots de yiddish, des visages, et surtout des sensations liées à la nourriture, à la cuisine, comme ce gâteau aux noix.
Et celle qui a toujours rechigné à parler d'elle-même, contrairement à la plupart des écrivains, utilise ici comme rarement l'humour et l'autodérision : "Il y a sans arrêt quand on écrit un jugement de soi sur soi-même, et l'autodérision est peut-être la manière la plus élégante de se présenter soi-même, sans fausse modestie et sans arrogance ou forfanterie. L'autodérision, je la pratique au quotidien mais elle n'était présente que dans deux de mes romans précédents. Mais je ne m'étais jamais autant 'exposée' que dans ce nouveau livre. L'autodérision vient avec cette exposition."
Le Château des Rentiers est aussi à lire pour deux anecdotes terribles vécues par Agnès Desarthe, une conférence en Ecosse au cours de laquelle elle perd sa voix, et la maltraitance presque banale de la part d'un obstétricien qui voit d'un mauvais oeil sa grossesse après quarante ans.
Le Château des Rentiers, d'Agnès Desarthe, aux éditions de l'Olivier
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