Au festival d'Avignon, "Israel & Mohamed", un spectacle qui scrute joyeusement l'incompréhension de deux pères pour leur enfant

Le metteur en scène Mohamed el Khatib et le danseur flamenco Israel Galván partagent la scène pour raconter leurs rapports contrariés à leurs pères, un spectacle aussi drôle qu'émouvant.

Article rédigé par Thierry Fiorile
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Israel Galván et Mohamed El Khatib dans "Israel & Mohamed", au Festival d'Avignon 2025. (CHRISTOPHE RAYNAUD DE LAGE)
Israel Galván et Mohamed El Khatib dans "Israel & Mohamed", au Festival d'Avignon 2025. (CHRISTOPHE RAYNAUD DE LAGE)

L'un a secoué le théâtre français en mettant sur scène des gens qui n'y vont jamais, l'autre a dynamité le flamenco en le débarrassant de ses attributs folkloriques. Ici, pour ce spectacle présenté au Festival d'Avignon, le metteur en scène Mohamed el Khatib et le danseur flamenco Israel Galván se sont associés pour ce qu'ils ont en commun - au-delà de la passion du football : ils ont des pères qui n'aiment pas du tout ce que font leurs fils.

"Non, mon père n'est jamais venu, je ne suis pas sûr que ce spectacle le fasse venir plus que les autres, raconte le metteur en scène. Sans doute que si j'étais avocat, il viendrait me voir plaider peut-être".

"C'est insuffisamment sérieux pour cette génération de pères qui se disent 'on a bousillé notre santé à l'usine, on s'est sacrifié pour vous et vous, vous faites du théâtre."

Mohamed el Khatib

à franceinfo


Dans des vidéos diffusées sur scène, les pères s'expriment, sans filtre. Le père d'Israel Galván est un danseur reconnu, gitan, qui n'a jamais supporté que son fils prenne la tangente vers un flamenco contemporain. "Quand mon père vient me voir, confie Israel Galván, après il fait des trucs modernes qu’il me vole et après il dit que c’est lui qui me l’a appris. Mais c’est mignon de voir qu’il est autant dans la compétition. C’est un gamin, un gamin qui danse."
 
Sur scène les deux complices dressent, avec des objets personnels, des autels à leurs pères. Ils s'amusent de souvenirs pourtant douloureux. Mohamed avec ses mots, Israel avec sa danse, dribblent le règlement de compte pour déclarer leur amour de fils et ils vont, sans se prendre au sérieux, sur le terrain de l'autre."C'est assez joyeux en fait, commente Mohamed, c'est assez agréable de prendre des risques et se lancer dans une discipline inconnue, extrêmement codifiée, technique et difficile, ça reste du théâtre et de la danse, nos pères nous le rappellent suffisamment, il y a des choses plus importantes !"

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.