"Alpha" sort au cinéma : un film sur "l'extrême difficulté de faire son deuil", selon la réalisatrice Julia Ducourneau

Le troisième long-métrage de Julia Ducourneau sort mercredi dans les salles. Il suit une adolescente de 13 ans, Alpha, alors qu'un virus transforme les malades qui en sont atteints en pierre. Présenté lors du dernier festival de Cannes, il a divisé la critique.

Article rédigé par Matteu Maestracci
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Les comédiennes Mélissa Boros et Golshifteh Farahani dans le film "Alpha". (MANDARIN & COMPAGNIE KALLOUCHE CINEMA FRAKAS PRODUCTIONS FRANCE 3 CINEMA)
Les comédiennes Mélissa Boros et Golshifteh Farahani dans le film "Alpha". (MANDARIN & COMPAGNIE KALLOUCHE CINEMA FRAKAS PRODUCTIONS FRANCE 3 CINEMA)

C'est peut-être le hasard, mais lors du festival de Cannes 2025, au mois de mai, trois films toutes sélections confondues évoquaient la pandémie de sida et les années 80-90. C’est le cas d'Alpha, qui sort mercredi 20 mai dans les salles de cinéma. Présenté en compétition, le dernier film de Julia Ducournau, la réalisatrice de Grave et de Titane, pour lequel a décroché la Palme d'or en 2021 à Cannes.

Cette thématique permet à nouveau à Julia Ducournau de parler du corps, de ses changements, de la science, mais aussi des nombreux morts.

"Que ce soit dans une famille ou dans une société, quand il y a une mort grave et que le deuil n'est pas fait, qu'il y a du non-dit autour, je pense que cela crée en fait un cycle de trauma qui ne peut que se reproduire."

Julia Ducourneau

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"Je pense que le film est plus sur l'extrême difficulté de faire son deuil", assure la réalisatrice.

Alpha, jouée par la comédienne Mélissa Boros, est une ado qui vit au Havre avec sa mère célibataire et médecin, interprétée par Golshifteh Farahani. Le film fait des allers-retours temporels autour de l'oncle d'Alpha, Amin, toxicomane joué par Tahar Rahim qui comme d'habitude, très investi dans son rôle, a perdu beaucoup de poids et préparé ce personnage représentatif d'une époque. "J'ai vu des grands de mon quartier disparaître de ça, raconte Tahar Rahim. Donc dans mon enfance, c'était quelque chose qui existait assez fortement. En fait, il y a une incarnation d'une certaine partie des gens de cette époque."

"Les corps en pierre deviennent des monuments"

L'une des belles réussites du film ce sont les images, superbes, de ces patients que le virus, inspiré donc à la fois par le VIH et le Covid, transforme peu à peu en statues de pierre. "Les corps en pierre, commente la réalisatrice, deviennent des monuments à ceux qu'on a perdus pendant cette pandémie, quelle qu'elle soit. Je savais que la maladie dont il s'agirait serait une maladie qui transforme peu à peu les corps en gisants, les gisants de cathédrales et les statues de saints ou de rois sanctifiés dans les cathédrales. J'ai décidé que tout allait tourner autour de la minéralité."

Pertinent visuellement donc, ou dans ses choix musicaux, mais peut-être moins sur le fond, Alpha a en tout cas clairement divisé la critique à Cannes. Le plus simple est toujours de se faire son propre avis.

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