"L'explosion de bonheur" et "le soulagement" au moment du premier vol de la fusée Ariane 6

Mardi 9 juillet 2024, 15 heures (heure locale), les 500 tonnes de la fusée européenne Ariane 6 décollent pour la première fois du nouveau pas de tir du centre spatial de Kourou, en Guyane. La fusée s'élève sans problème dans le ciel guyanais et avec elle l'Europe retrouve un accès souverain à l'espace, un an après le dernier décollage d'Ariane 5.

C'est l'aboutissement de longues années de travail pour les équipes d'ArianeGroup, dont une partie a choisi de se retrouver ce jour-là aux Mureaux, près de Paris, dans le hangar où sont fabriquées ces fusées. "Ça a été des cris de joie dans les premières secondes de la voir s'élever, se souvient Arnaud Demay, ingénieur et chef de projet sur Ariane 6 qui était présent ce jour-là. Et à chaque étape importante du vol, une explosion de bonheur et d'applaudissements".

Un "soulagement indéniable"

Lors de ce moment crucial, Arnaud Demay et ses collègues sont à plus 7 000 kilomètres de Kourou et du pas de tir de la fusée, leur rôle se réduit alors à celui de spectateur. "Au moment du décollage, il n'y a plus grand-chose qui peut être fait, reconnaît-il. La fusée est complètement autonome et elle continue à aller vers l'espace toujours un peu plus toute seule. Donc on ne fait que constater tout ce qui se passe."

La réussite de ce lancement procure un "soulagement indéniable" aux équipes du projet, alors que l'Europe n'a plus de fusée utilisable depuis un an. Un programme "européen" insiste-t-il. Car, si c'est à ArianeGroup qu’a été confiée la tâche de concevoir et fabriquer le lanceur, ce sont 13 pays au total qui ont contribué au projet, l'Allemagne, l'Espagne et la Belgique notamment, et pas moins de "13 000 fabricants de fusées". "Je pense à elle et eux, parce que ce sont toutes ces personnes-là et leurs familles qui sont soulagées de voir qu'on a à nouveau accès à l'espace en Europe. Parce que derrière, et c'est ce qu'on fait dans notre quotidien aujourd'hui, c'est l'envoi de plein de satellites pour des télécommunications, la prévision météo, la sécurité, etc."

Jusqu'à 11 vols prévus par an à terme

S'ensuit une phase d'analyse des données du vol inaugural pour vérifier que les modèles et les calculs sont toujours valides et peuvent être réutilisés pour les prochaines missions. Puis, "sans attendre", il faut se tourner vers l'avenir, car, "avant même le vol inaugural", ArianeGroup et ses partenaires avaient déjà vendu "une trentaine de fusées". "C'est la continuation et la montée en cadence de la production dans toutes les usines d'ArianeGroup et de ses partenaires pour fabriquer ensuite toutes les fusées."

Début mars 2025, Ariane 6 a réussi son premier vol commercial, avec le placement en orbite d'un satellite de surveillance militaire français. À terme, la nouvelle grande fusée européenne pourra voler 11 fois par an.