"Je ne regrette rien" : près d'un an après sa non-nomination, Lucie Castets ne reste pas amère
Le 23 juillet 2024, après seize jours d'intenses négociations, le Nouveau Front populaire, arrivé en tête des législatives anticipées s'accorde sur un nom pour le poste de Premier ministre, celui d'une haute fonctionnaire, inconnue du grand public, Lucie Castets.
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Loin d'être un hasard, son nom tombe juste avant l'intervention d'Emmanuel Macron, à la télévision, le mardi 23 juillet 2024. Les Français découvrent alors le visage de Lucie Castets, 37 ans, les cheveux gris tirés en arrière, en costume sombre et au maquillage discret. Figure de proue du collectif Nos Services publics et directrice des finances et des achats à la ville de Paris, c'est elle que l'union de la gauche veut voir entrer à Matignon.
"Je n'avais pas l'outrecuidance de m'attendre à ce que mon téléphone sonne, se remémore l'énarque, qui n'a eu que 24 heures pour se décider. Quand j'ai vu le numéro d'Olivier Faure s'afficher sur mon portable, je n'ai pas pensé à ça une seconde. C'est seulement quelques minutes après le début de la conversation que j'ai commencé à comprendre où il voulait en venir". Après seize jours de négociations, les différentes composantes du Nouveau Front populaire se mettent d’accord sur son profil, une femme de gauche, techno et consensuelle, qui rallie aussi bien les insoumis, les Écologistes que les socialistes. "On avait quand même toutes et tous conscience de l'impasse dans laquelle on était. Je me suis dit ‘Bon, si je peux contribuer à ce que ça nous permette collectivement de sortir par le haut, je vais le faire’".
Les premières difficultés rencontrées
Quitte à sous-évaluer l’impact d’une telle nomination, reconnaît-elle un an plus tard. Lucie Castets fait notamment les frais d’une polémique qu’elle n’avait pas anticipée sur un salaire mirobolant de 9 000 euros mensuels qu’elle aurait réclamé auprès du NFP. Il s’agissait en réalité d’un projet, jamais entériné, de rémunération brute. Un an après cet épisode, l’énarque en est toujours irritée.
Lucie Castets a dû également quitter son travail. "Lorsque je me suis lancée dans cette aventure, je n'avais pas pris conscience que ça aurait ces conséquences sur ma vie professionnelle et aussi sur ma vie personnelle. Mais je ne regrette pas parce que je me suis souvent demandé ce qui se serait passé si j'avais refusé, explique-t-elle. La chose politique a aussi toujours joué un rôle très important dans ma vie et donc d'une certaine façon, c'était embrasser ce chemin-là d'une manière un peu plus abrupte et radicale que ce que je n'aurais jamais pu imaginer avant. Je ne regrette pas du tout".
Pendant l’été, elle enchaîne les déplacements et tente de s’imposer auprès d’Emmanuel Macron qui écarte son nom et remet la nomination d’un Premier ministre après la période des Jeux olympiques. Lucie Castets est à la peine, mais elle s’accroche. "Renoncer à ce moment-là parce que le président de la République semblait disqualifier ma candidature, ça n’aurait pas été, je trouve, respectueux du mandat qui nous avait été donné par neuf millions d'électeurs qui se sont tournés vers la gauche et ont choisi aussi un front républicain, indique-t-elle. Ce sont des électeurs qui ont souhaité quand même un changement de politique très fort. On avait une forme de responsabilité à leur égard de continuer à faire notre part du chemin et à jouer notre rôle." Emmanuel Macron nomme finalement le Républicain Michel Barnier, le 5 septembre.
La Première ministre qui ne fut jamais
Depuis, Lucie Castets veut toujours rassembler à gauche, mais l’ambiance a changé. Le 2 juillet 2025, elle a organisé un rassemblement à Bagneux pour proposer un nom commun pour la présidentielle en 2027. La France insoumise, le Parti communiste français et Place publique ont décliné l’invitation. "Ce que je sais, ce que je vois et ce que j'entends, c'est une très forte envie que l'union de la gauche perdure, répète-t-elle. La réalité est plus complexe au sein des appareils eux-mêmes. Des élus qui occupent des places importantes dans les directions de partis qui n'ont pas souhaité se rendre à Bagneux, m'ont dit : ‘Tu peux compter sur moi’".
Le ton est confiant, mais la réalité est plus tranchante. Jean-Luc Mélenchon, par exemple, a moqué son idée de primaire à gauche : "Je ne suis pas amère, ce n’est pas trop ma nature. Jean-Luc Mélenchon a été d'un grand soutien pendant l'été 2024 et je pense que ce que je représente aujourd'hui ne correspond plus à sa stratégie. Je lis des postures qui sont prises sur moi non comme une attaque sur ma personne, mais plus comme une posture vis-à-vis de l'union de la gauche, une posture ponctuelle, une posture qui correspond à la stratégie. Je garde par ailleurs des bonnes relations avec certaines figures de La France insoumise."
Après Matignon, Lucie Castets se voit-elle à l’Élysée ? "Je crois qu'on ne peut pas jouer les deux rôles à la fois de celle qui réunit et de celle qui concourt à titre personnel à ses responsabilités", sourit-elle. Depuis l’été 2024, Lucie Castets a eu un second enfant et a créé une entreprise de conseil en matière de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme. Mais d’autres envies l’animent : "À court ou moyen terme, je n’exclus pas de revenir dans la fonction publique ou travailler dans le secteur associatif", conclut-elle.
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