"Ce n'est pas que sur les réseaux sociaux, il y a des actes" : Arié Engelberg revient sur son agression qui a redonné une "réalité" à l'antisémitisme
Arié Engelberg, rabbin d'Orléans, a été victime d'une agression antisémite en pleine rue, en mars dernier, en présence de son garçon de 9 ans. La scène a été filmée et a fait le tour des réseaux sociaux. Des images qui ont "mis les Français face à la réalité", dit-il.
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La vidéo, tournée ce 22 mars 2025, dure à peine 20 secondes mais elle devient virale sur les réseaux sociaux. On y voit un jeune mineur en pleine rue insulter le rabbin d'Orléans, Arié Engelberg, qui rentrait de la synagogue avec son fils de 9 ans. Le jeune le frappe à la tête et le mord à l'épaule. "Il a commencé à dire : 'Est-ce que vous êtes juif ?', j'ai répondu 'oui', raconte Arié Engelberg à l'époque sur BFM TV. Il a commencé à dire 'tous les juifs sont des fils de p... et ensuite il a craché tout en me filmant. Donc j'ai décidé d'agir. Je lui ai poussé son téléphone puis ensuite, il y a eu des coups."
Arié Engelberg porte plainte. Son agresseur, un mineur isolé, nie les faits, dit s'être simplement défendu. Cette version n'est pas retenue par le tribunal pour enfants qui le condamne à 16 mois de prison ferme, dont un an pour violences volontaires commises en raison de l'appartenance de la victime à une religion. Dehors, les images de l'agression sont un électrochoc et provoquent une vague d'indignations et de soutien pour le rabbin.
"On reste toujours vigilant"
Aujourd'hui le rabbin d'Orléans a repris sa vie avec quelques stigmates. "Il y a toujours eu et il y a toujours cette vigilance, assure-t-il. Ce qui a changé, c'est qu'on a vu la réaction des Orléanais et d'autres, ça change un peu le regard quand on marche dans la rue. Mais ça n'empêche qu'on reste toujours vigilant." Mais si Arié semble avoir retrouvé de l'aplomb, ce n'est pas le cas de son fils.
"Pour mon fils, ça prend un peu plus de temps pour reprendre confiance."
Arié Engelbergà franceinfo
"On travaille là-dessus pour lui dire qu'il ne faut pas qu'il ait peur, raconte-t-il. Ce qui s'est passé, c'est un cas isolé. L'agresseur n'est pas un Orléanais, c'est quelqu'un qui était en situation irrégulière. Il ne représente que lui-même. C'est ce qu'on appelle un loup solitaire. Et grâce au soutien que l'on a reçu, ça me permet de lui montrer que la réalité est toute autre."
Deux jours après l'agression, une marche a rassemblé plus d'un millier de personnes à Orléans. "J'étais impressionné du monde, ça m'a beaucoup, beaucoup touché. On avait des représentants de toutes les confessions, on avait des élus de tous bords, des représentants de l'État", relate Arié Engelberg, qui a même réalisé par la suite que des gens étaient venus depuis Bordeaux. Aujourd'hui encore, l'homme reçoit des soutiens spontanés dans la rue, au-delà de centaines de lettres envoyées de toute la France et même d'ailleurs, pour lui et son fils, "et la communauté juive de manière générale".
La force de la vidéo
Arié Engelberg explique avoir été surpris par l'emballement médiatique autour de son agression. Aujourd'hui, il comprend : "Le fait qu'il y ait une vidéo où on voit mon fils qui est témoin, où on voit un enfant témoin de cette agression-là, ça fait prendre conscience aux gens que l'antisémitisme est un fait réel."
"Ce n'est pas que sur les réseaux sociaux, il y a des actes. Ça a quand même mis beaucoup de Français face à la réalité."
Arié Engelbergà franceinfo
L'audience s'est tenue un mois après son agression, le 23 avril, et le rabbin d'Orléans en est ressorti mi-satisfait, mi-déçu. "La peine était amplement méritée, commente-t-il. Ce qu'on voulait, c'est que ça serve d'exemple pour les personnes qui voudraient s'en prendre à d'autres en raison de leur religion, de leur apparence ou de leur ethnie. J'aurais pu ne pas me présenter au tribunal, mais j'ai quand même tenu à y aller, tout d'abord pour confronter mon agresseur face à face. Mais il a refusé. Plusieurs fois, j'ai essayé de le capter du regard mais il a détourné les yeux. Je voulais aussi comprendre, l'entendre et le contredire, s'il fallait le contredire. Il a nié toute responsabilité. Il a dit que c'était moi qui avais commencé. Sauf qu'il y a des témoins oculaires, il y a aussi des vidéos de surveillance qui ont prouvé le contraire."
Psychologie et dialogue pour prévenir ces violences
Lors de l'audience, son agresseur interpelle la juge et lui montre l'œil au beurre noir qui fait suite aux coups renvoyés par le rabbin. "Pour reprendre les paroles de son avocat, il s'est retrouvé dans un état salement amoché, témoigne Arié Engelberg. J'ai agi dans le cadre de la légitime défense. Et je l'ai fait aussi puisqu'il y avait mon fils qui était témoin. C'était important qu'il voit ma réaction, comment on doit réagir à une telle agression, ne pas baisser la tête et se défendre. À vrai dire, tout à la fin, [l'agresseur] a quand même dit qu'il regrettait par rapport à mon fils. Mais ça a pris quand même huit heures avant qu'il sorte ce regret-là !"
Quelques mois après l'agression d'Arié Engelberg, au mois de mai, la presse parle à nouveau d'Orléans, cette fois pour des stickers islamophobes accrochés en ville, où il est inscrit : "Zone interdite aux musulmans". Le rabbin a été, dit-il, sidéré par la nouvelle. "J'étais choqué puisque ça nous ramène aux histoires les plus sombres de l'Histoire où autrefois c'était : 'Interdit aux juifs et aux chiens'. On a été 'rassuré' de savoir que c'était un seul jeune de 19 ans qui se tenait derrière. Ça montre quand même que des gens veulent prendre de la liberté pour s'en prendre à autrui en raison de leur religion. Là aussi, il faut une certaine psychologie, un certain dialogue. Expliquer tout d'abord ce qu'est la religion. C'est quoi avoir la foi ? C'est quoi des personnes qui veulent vivre librement dans un pays qui représente la liberté, l'égalité, la fraternité ? Des personnes qui sont là pour prier Dieu, en aucun cas, ne représentent une menace. Il y a aussi beaucoup de frustration chez les jeunes, mais ça c'est quelque chose auquel il faut remédier. On a bien sûr l'Éducation nationale pour ça, on a aussi les autorités pour ça et on a aussi la justice pour ça."
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