Liz Truss partie, l’économie britannique toujours en pleine déconfiture
Elle ne sera restée qu'à peine six semaines au pouvoir. La Première ministre britannique, Liz Truss, a présenté jeudi 20 octobre, sa démission. Un nouveau scrutin interne aura lieu au sein de la majorité d'ici à la fin de la semaine prochaine pour lui trouver un successeur.
Le départ de Downing Street de la Première ministre britannique, Liz Truss, après seulement 45 jours, plonge un peu plus encore l’économie du pays dans la crise et l’inconnu, comme l’analyse ce Français de Londres.
Ce n'est, ni plus ni moins, que la pire crise économique de ces 40 dernières années à laquelle est confronté le Royaume-Uni. Poussée par les prix de l'alimentation, l'inflation britannique a atteint un nouveau sommet en septembre, à 10,1% sur un an. Les salaires, eux, n’ont augmenté que de 5% en moyenne. C'est deux fois moins rapide que le rythme de l’inflation. Et si l’on en croit Philippe Chalon, secrétaire général du think tank Cercle d’outre-Manche, la crise ne vient pas de la guerre en Ukraine ou de la déconfiture du gouvernement, mais du Brexit, la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, le 1er février 2020, ce qui a profondément changé la donne.
"Les Français du Royaume-Uni avaient une vision très claire du Royaume-Uni jusqu'au Brexit, c'est-à-dire un pays profondément pro-business et pragmatique. Que ce soit du côté des gouvernements travaillistes ou conservateurs, la ligne était sensiblement la même sur les grandes orientations économiques du pays. Depuis le Brexit, on est entré dans un temps éminemment politique, voire idéologique. Et malheureusement, ça continue."
A Londres, Philippe Chalon est le secrétaire général du Cercle d’outre-Manche, un groupe de réflexion qui rassemble une cinquantaine de chefs d’entreprise français installés au Royaume-Uni.
"Ce n'est pas encore un vent de panique, mais il y a un fort vent d'inquiétude qui souffle ici au Royaume-Uni, analyse le Français. C'est un pays qui se tire régulièrement une balle dans le pied, et fait preuve d'un grand amateurisme en réalité. Il y a un vent d'inquiétude."
Des entreprises assommées par les taxes
Créé il y a plus de 15 ans, au départ pour comparer les politiques publiques françaises et britanniques, et voir comment la France pouvait s'inspirer de certaines bonnes pratiques britanniques, le Cercle d’outre-Manche s’est adapté et est devenu par la force des choses un observatoire économique post-Brexit. La crise économique que traverse le Royaume-Uni pourrait faire penser à la période de Margaret Thatcher, mais nous ne sommes plus dans les années 70, corrige Philippe Chalon, également directeur des relations extérieures du groupe d'assistance International SOS :
"Le Royaume-Uni dans les années 70, c'est un pays qui n'est pas en situation de plein emploi. En réalité, il y a plus de 10% de chômage. Il y a de grandes réformes structurelles à mener au sein des administrations publiques, ce qui n'est pas fondamentalement le cas aujourd'hui. Depuis 20 ans, le Royaume-Uni a fait beaucoup de réformes sur le marché du travail, beaucoup plus de flexibilité avec des administrations qui sont beaucoup plus efficaces."
Vu la situation économique du pays, de nombreuses sociétés ont quitté les rives de la Tamise, observe Philippe Chalon, assommées par les taxes et privées de main-d’œuvre :
"Aujourd'hui, les entreprises ont un certain nombre de problèmes pour le recrutement, c'est toujours un vrai sujet, notamment dans les industries de l'hôtellerie, la restauration, mais bien au-delà, même dans le secteur des services. Et d'autres entreprises ont tout simplement choisi de délocaliser en raison de coûts liés aux tarifs douaniers par exemple."
Bref, le retour des jours heureux au Royaume-Uni n’est pas pour demain. Déjà en plein cycle de resserrement des taux d'intérêt pour tenter de ramener l'inflation à son objectif de 2%, la Banque d'Angleterre a laissé entendre qu'elle devrait resserrer d'autant ses taux, lors de sa prochaine réunion, le 3 novembre. Ce qui devrait encore plus doucher l'économie du Royaume-Uni, déjà au bord de la récession.
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