En Égypte, les opposants muselés à un mois d'une élection présidentielle sans suspens
L'élection présidentielle en Égypte est jouée d'avance : le président sortant Abdel Fattah Al-Sissi devrait sortir gagnant du scrutin fin mars. Pour les anciens de la place Tahrir, le régime actuel "tue l'opposition".
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En Égypte, la campagne pour l’élection présidentielle du 26 au 28 mars a été lancée samedi 24 février, mais il n’y a pas de suspens. Le scrutin est verrouillé et le président sortant, Abdel Fattah Al-Sissi, sera reconduit, faute de concurrence crédible. Les opposants ont été écartés. Sept ans après la révolution de 2011, les anciens de la place Tahrir n’ont plus d’espace dans la société. franceinfo les a rencontrés au Caire.
Derrière le box vitré et grillagé, 21 Frères musulmans crient "Allahu akbar". Ils viennent d'être condamnés définitivement à la peine de mort pour avoir intégré les rangs du groupe État islamique. S’il faut prendre un marqueur pour mesurer la dégradation du climat en Égypte, on peut le prendre dans la salle d’audience de la cour criminelle, installée la semaine dernière dans l’un des complexes policiers du sud du Caire. Elle incarne le régime répressif d'aujourd'hui.
La population sous surveillance
"L’air est irrespirable en Égypte", confie Issra Abdelfattah, qui a été l'un des rouages important de la révolution. La jeune femme pratique désormais l’autocensure dans le média pour lequel elle écrit. Pour la rencontrer, l‘entretien est fixé dans un bar, micro caché. L’activiste ne le dit pas, mais elle est visiblement très inquiète. Une vingtaine de ses amis a déjà été arrêtée, selon elle. "Il n'y pas de liberté, il n'y pas de place pour l'opposition pacifique, déplore-t-elle. Le régime actuel tue l'opposition."
Personne ne peut écrire, même sur sa page Facebook. Tout le monde a le sentiment d'être surveillé.
Issra Abdelfattah, activisteà franceinfo
Khaled Telima, lui, cherche une nouvelle voie. Assis à la terrasse d’un café, niché dans l’une des magnifiques maisons d’un quartier diplomatique de la capitale, non loin du Nil, cet ancien de la place Tahrir a été vice-ministre pendant la période de transition, puis présentateur engagé à la télévision avant d'être débarqué, il y a un an, pour avoir franchi les lignes rouge posées par le pouvoir. "Les gens qui connaissent les médias en Égypte savent bien qu'ils sont contrôlés en sous-main par l'appareil sécuritaire", indique-t-il.
Il n'y a pas d'espace ici pour créer un média professionnel. Cela n'est pas possible.
Khaled Telima, ancien vice-ministre et présentateur téléà franceinfo
En Egypte, il n’y a pas de place non plus pour le jeu démocratique. Tous les candidats crédibles ont été écartés de la présidentielle. Le seul candidat qui fait face à Abdel Fattah Al-Sissi... lui est favorable !
Les candidats ne se sont pas bousculés
Amr Salah est un jeune trentenaire, amoureux de la politique, qui a été très actif pendant la révolution. Aujourd’hui, à cause de son étiquette, Amr Salah n’a plus d’appartement, ni de travail, ni d’accès aux relais institutionnels.
Il évoque ce processus d’exclusion de la vie politique et de la vie sociale. "Je me suis dit qu'il fallait essayer de créer un mouvement dans la communauté et, donc, qu'il nous fallait un candidat qui puisse se présenter comme le compromis entre la sécurité et la liberté, les droits", raconte-t-il.
J'ai contacté beaucoup de personnes qui avaient le profil. La majorité d'entre elles a dit que cela ne valait pas le coup, que les candidats allaient le payer. Donc, on n'a pas de candidat.
Amr Salah, activisteà franceinfo
L’enjeu de l’élection présidentielle égyptienne est la participation. Une partie de l’opposition appelle au boycott. Les médias soutiennent le processus. Depuis l’élection du président Al-Sissi, les organisations des droits de l’Homme multiplient les rapports alarmants. Elles dénoncent les arrestations massives, la multiplication des disparitions et une pratique institutionnelle de la torture.
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