En Égypte, le syndicat des musiciens est en guerre contre l’électro chaâbi
Il y a dix jours, ce syndicat a tout bonnement interdit ce style musical, dont les représentants se retrouvent privés de scène.
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L’électro chaâbi - chaâbi cela veut dire populaire en arabe - est un mix entre chanson traditionnelle égyptienne et sons électroniques, le style musical le plus écouté par la jeunesse égyptienne. Et c’est bien ce qui déplaît au syndicat des musiciens qui juge cette musique vulgaire. Il y a dix jours, ce syndicat a tout bonnement interdit l’électro chaâbi. Salles de concert, boîtes de nuits, cafés, péniches sur le Nil… Les artistes du genre sont bannis de toutes les scènes du pays.
Le pourquoi du bannissement
En deux deux mots : vin et cannabis. Ce sont ces paroles prononcées le soir de la Saint-Valentin lors d’un concert au stade du Caire qui sont à l’origine de cette interdiction. 60 000 personnes dans les gradins, retransmission à la télévision… La tête d’affiche est un chanteur d’électro chaâbi, Hassan Shakosh.
Extrait de son tube au plus 100 millions de vues sur Youtube, La Fille d'à côté :
Il s’agit bien d’une chanson d’amour, sauf que dans un couplet, l’artiste dit : "Si tu me quittes je vais boire du vin et fumer du cannabis". Scandale ! L'interdiction du syndicat des musiciens tombe deux jours plus tard.
Depuis cette annonce, les médias égyptiens se sont emparés du débat. Il ne porte évidemment pas sur la liberté d’expression et de création mais sur la protection des valeurs morales. Le syndicat a, quant à lui, fait part de son intention d’écrire aux géants du net. Il souhaite que les chansons d’électro chaâbi soient retirées des plateformes en ligne.
Une musique qui échappe à tout contrôle
L'interdiction de scène a déjà commencé à être appliquée. Des concerts sont annulés, des festivals à venir modifient leur programmation… Il faut dire que le syndicat des musiciens n’en est pas à sa première offensive contre l'électro chaâbi. Il s’était déjà lancé dès 2018 dans une campagne contre une star du genre. Ce qui dérange avec cette musique, c’est qu'elle échappe à tout contrôle. Dans les années 2010, elle a commencé a émerger dans les banlieues de la capitale. Puis elle a explosé à la suite de la Révolution. Le magazine américain Rolling Stones l'a même surnommée "la nouvelle Révolution" musicale égyptienne.
Un phénomène de société
Aujourd’hui c’est un phénomène de société. Nombre de ces chanteurs originaires des quartiers pauvres du Caire sont ainsi devenues des vedettes. Mahmoud Refaat est producteur d’électro chaâbi. Il regrette évidemment cette interdiction : "En interdisant cela de la culture égyptienne, ils interdisent tellement de choses. Ils bloquent tellement de jeunes et de modèles."
C'est comme détruire un espoir pour une grande partie de la jeunesse.
Mahmoud Refaat, producteur d’électro chaâbià franceinfo
Les jeunes se retrouvent dans les textes de cette musique. L’amour, le quotidien, la vie dans des quartiers extrêmement pauvres... Autant de difficultés que le syndicat préfère cacher. Au lieu de jouer son rôle et de défendre les artistes, il se fait plutôt le relais de la censure. Pour être une star de la chanson ou du cinéma en Égypte il faut soutenir le régime, participer à sa propagande. Mais l’électro chaâbi fait tout l’inverse. En septembre, au moment où des appels à manifester contre le président Sissi circulaient, plusieurs musiciens d’électro chaâbi ont composé des chansons pour soutenir ces manifestations, des titres pour la plupart auto-produits, faits à la maison. Autant dire que même interdits de scène, ces artistes ne sont pas près de s’arrêter de chanter.
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