L'Europe du renseignement : des échanges quotidiens et circonscrits
Alors que les quatre journalistes français otages en Syrie ont été libérés, d'autres ressortissants européens restent aux mains de leurs ravisseurs. Souvent isolées, les familles souhaitent "européaniser" le problème. Comment les pays se coordonnent-ils pour les sauver, comment se passe la coopération entre services secrets, y aura-t-il un jour un service européen du renseignement ?
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La question des otages est un problème européen, les Etats doivent cesser d'agir
chacun de leur côté, dans le secret, en imposant le silence aux familles. La question
doit être internationalisée et d'abord européanisée. C'est l'appel lancé début
février à Strasbourg par le Comité de soutien aux otages en Syrie et Reporters
sans frontières , appel relayé dans l'hémicycle du Parlement européen par son
président. Martin Schulz avait appelé à la libération immédiate de tous les
otages, et souligné que c'était le rôle des élus de garantir la sécurité des
journalistes et de défendre les valeurs fondamentales, au-delà des Etats
membres. Ce jour-là, autour des familles françaises, il y avait des Espagnols,
des Italiens, des Suédois, qui tout d'un coup se sentaient moins seuls.
Suivis à la trace
Le nombre précis des otages à travers le monde est difficile à établir. Début
2014, une trentaine de journalistes de grands médias internationaux étaient
détenus en Syrie. Des otages, souvent suivis à la trace par les services
secrets, comme ce fut le cas pour les 4 otages français.
Car s'il est un domaine dans lequel la coopération marche bien, c'est bien
celui du renseignement. L'échange d'informations se fait de manière efficace et
quotidienne, depuis longtemps, explique l'eurodéputé et ancien agent de la DGSE
Arnaud Danjean, actif pendant 10 ans pour l'Europe de l'est et
l'ex-Yougoslavie.
Une libération orchestrée par la DGSE
La libération des quatre otages ce week-end a été orchestrée par la sécurité
extérieure française qui s'est appuyée sur les autres services occidentaux,
britanniques, espagnols, américains (qui ont d'ailleurs tous une antenne à
Paris), mais aussi du Golfe et bien sûr turcs, au moins pour la phase finale.
On vérifie la fiabilité des informations et des interlocuteurs, on échange les images
satellites, les interceptions d'appels téléphoniques les données informatiques,
"le maître d'œuvre étant le service du pays des otages" , explique Arnaud Danjean.
"Malheureusement, ça ne marche pas toujours" , regrette-t-il : l'an dernier la DGSE
n'a pas réussi à sauver son agent Denis Allex en Somalie, finalement exécuté.
L'annonce de la mort de Gilberto Rodriguez Leal, enlevé fin 2012 au Mali,
résonne elle aussi comme un échec pour une France qui affirme ne jamais avoir
lâché aucun otage.
Des doctrines différentes, une coopération efficace
**
* Les politiques et pratiques sont néanmoins différentes selon les pays. Ne
serait-ce que sur les rançons, sujet tabou. La France ou l'Italie n'ont pas
hésité à en verser, la Grande-Bretagne ou les Etats-Unis refusent catégoriquement.
"La certitude c'est qu'il n'y a jamais de libération d'otages
spontanée et sans contrepartie* ", explique Arnaud Danjean. Elles ne
sont pas forcément financières, il y a des contreparties matérielles,
libération de prisonniers, d'autres politiques ou militaires, voire symboliques
de communication. Les doctrines sont différentes. Mais le recueil, la recherche
d'informations est commune à tous les services d'informations, insiste Arnaud
Danjean.
Alors y aura-t-il un jour un service européen de renseignement ? Il n'y croit
pas, et d'ailleurs ne le souhaite pas : partager des informations sensibles à
plus de deux ou trois devient très compliqué. C'est plus sur l'analyse
opérationnelle qu'une mutualisation à 28 est en train de se faire.
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