Exploitation, dumping social : l'Europe au chevet des travailleurs saisonniers
Après les travailleurs "détachés" dans un autre Etat européen, l'Union harmonise enfin les règles pour les travailleurs saisonniers, en provenance des pays tiers. Ils ne pourront plus être sous-payés, ni exploités ; leurs conditions d'emploi sont alignées sur celles en vigueur dans le pays d'accueil. Il s'agit là aussi de lutter contre le dumping social, et de favoriser l'immigration légale "choisie".
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Les
travailleurs saisonniers sont un peu plus de 100.000 à venir chaque année dans
l'Union européenne prêter main forte dans l'agriculture, la restauration, le
tourisme, des secteurs qui, malgré la crise, manquent toujours de main d'œuvre.
Ils viennent d'Europe de l'Est, d'Asie, d'Afrique du Nord ou d'Amérique latine,
ils font les vendanges, la cueillette des fruits, travaillent dans les champs
et les cuisines des restaurants, où le travail au noir et l'exploitation sont
encore monnaie courante. Et "confinent parfois à l'esclavagisme",
souligne l'eurodéputée Sylvie Guillaume, vice-présidente socialiste du
Parlement européen.
Employeurs mafieux
Elle dénonce les abus commis par des "employeurs
mafieux", des conditions d'emploi bien "en dessous des standards
normaux de tout travail rémunéré en Europe", comme on a pu le voir encore
récemment dans les champs de fraises en Grèce, dans les vergers espagnols et
italiens.
Avec cette nouvelle législation, ils devront
bénéficier des mêmes conditions d'emploi et de rémunération que celles en
vigueur dans le pays. Et des mêmes droits, aux congés, aux soins de santé, à la
sécurité sociale. Ils pourront se syndiquer, accéder à la formation, aux
pensions de retraite, aux services publics. Tous les droits, à l'exception du
logement social.
Conditions décentes
Les employeurs devront néanmoins leur garantir un
"hébergement décent". Ils ne pourront plus les entasser dans des
taudis ou dans des serres. Les travailleurs saisonniers devront bénéficier d'un
logement approprié. Si c'est l'employeur qui le fournit, il devra pratiquer un
loyer raisonnable, et ne pourra plus imposer une retenue automatique sur le
salaire.
L'Europe intéressée
Toute demande d'entrée dans l'Union devra inclure un
contrat de travail, précisant le lieu et la durée de l'emploi, la rémunération
et le nombre d'heures, hebdomadaires ou mensuelles. Ce qui permettra de lutter
contre le travail au noir et le dumping social, et ainsi, soulignent certains
eurodéputés, de "freiner le racisme et la xénophobie", liés à la peur
de l'immigration clandestine.
Immigration légale choisie
D'autant plus que les Etats pourront choisir leurs
"quotas" de travailleurs saisonniers. Des Etats qui étaient très
réticents: il a fallu presque 4 ans de négociations pour obtenir un compromis.
Il permet effectivement à chaque pays de fixer des "volumes
d'admission", pour une immigration choisie donc. D'imposer aux saisonniers
une durée maximale, entre 5 et 9 mois par an.
Nos 28 Etats membres ont deux ans et demi pour
transposer la nouvelle législation dans leur droit national, renforcer les
contrôles et sanctionner les infractions. Les agriculteurs allemands sont déjà en
train de faire pression pour que le salaire minimum, qui doit entrer en vigueur
l'an prochain outre-Rhin, ne s'applique pas aux travailleurs saisonniers.
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