En direct de l'Europe. Médecines complémentaires : le fossé franco-germanique
Si les Européens sont de plus en plus demandeurs de médecines complémentaires comme l'homéopathie, en France la méfiance institutionnelle reste grande.La médecine anthroposophique, approche médicale englobant le patient dans sa totalité, très répandue dans les pays germaniques, vient d'obtenir gain de cause en justice.
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La France est l'un des pays européens où s'affiche le plus de méfiance institutionnelle à l'égard des médecines complémentaires. Tribune de praticiens hostiles à l'homéopathie, accusations de dérives sectaires à l'encontre de l'anthroposophie, alors que dans les pays germanophones, elle est intégrée aux systèmes de santé et vient d'être blanchie par la justice française.
Bataille juridique et jugement rendu en faveur de la médecine anthroposophique
La Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) a eu tort de faire figurer la médecine anthroposophique parmi les méthodes thérapeutiques à risque sectaire. Dans un jugement rendu le 20 avril, le tribunal administratif de Paris demande au Premier ministre de la retirer de son guide "Santé et dérives sectaires", de publier sa décision dans les trois mois sur le site de la Miviludes, et accorde 2.000 euros de préjudice moral à l'association requérante, le CEP MEP SMA (Conseil National Professionnel des Médecins à Expertise Particulière – Section Médecine Anthroposophique), principale organisation de médecins anthroposophiques de France.
Pour son président, le Dr Robert Kempenich, c’est une victoire. C’est d’abord le fruit d’un long combat juridique, entamé dès la publication du guide 2012 de la Miviludes. Il a fallu une première décision de justice, en 2015, pour l’obliger à produire les documents et motifs -insuffisants- qui ont conduit à son classement. Aujourd’hui elle envisage de faire appel. En décembre 2017, la justice administrative avait déjà donné tort à la Miviludes sur une méthode de kinésithérapie, la "fasciathérapie". Un pourvoi en cassation doit être examiné par le Conseil d'État.
Mais la bataille est aussi politique
Alors que des confrères médecins ont publié une tribune contre l’homéopathie (sur laquelle se base également l’anthroposophie), le Dr Kempenich est allé expliquer au Sénat les fondements de cette médecine "intégrative", basée sur les principes du philosophe autrichien Rudolf Steiner mort en 1925 à Dornach en Suisse :
"Un courant médical thérapeutique bien établi en France, répandu dans 22 pays européens et 38 dans le monde et pratiqué exclusivement par des docteurs en médecine", précise le communiqué du CNP MEP SMA. Et de fait, en Allemagne, en Autriche, en Italie, elle est intégrée dans le système de soins. En Suisse, elle fait partie des médecines complémentaires dont l’inscription dans la Constitution a été plébiscitée par 67% des électeurs. Au Royaume-Uni, au Danemark, elles sont intégrées dans la législation et étroitement associées aux enseignements universitaires.
L’enjeu est surtout sociétal
Comme le souligne le Dr Kempenich, les citoyens européens sont de plus en plus demandeurs de médecines complémentaires pour contrer, avec le moins d’effets secondaires possibles, l’explosion des allergies notamment chez les enfants, la résistance aux antibiotiques, la multiplication des maladies chroniques et des cancers qui nécessitent souvent des traitements lourds. Il s’agit aussi de mieux accompagner l’allongement de la durée de vie.
C’est une question de santé publique, mais aussi de coûts, d’équité dans l’accès aux soins
L’un des défis étant de permettre la prise en charge de ces médecines complémentaires dans toute l’UE. Or pour l’instant les situations sont extrêmement disparates, comme l’a montré l’étude Cambrella financée par la Commission européenne pour tenter d’harmoniser les statuts, la formation des praticiens, la qualité des médicaments ou encore de promouvoir la recherche. De créer si possible un institut européen des médecines complémentaires qui serait à la fois un lieu d’information et une garantie pour les patients européens.
On n’y est pas encore, le projet s’avère plus complexe que prévu dans un domaine qui relève de la compétence des Etats membres. Mais la santé des Européens le justifierait.
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