Reborn : les bébés hyperréalistes, très tendance au Brésil, font débat

Les faux bébés hyperréalistes Reborn envahissent les réseaux sociaux brésiliens. Ce concept né dans les années 90 aux États-Unis a pris des proportions démesurées au Brésil depuis quelques mois. Si bien qu'il pose la question jusqu'en politique : passe-temps inoffensif ou comportement inquiétant ?

Article rédigé par franceinfo - Jean-Mathieu Albertini
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Bébé Reborn. Photo d'illustration (VICTOR LERENA / EFE / MAXPPP)
Bébé Reborn. Photo d'illustration (VICTOR LERENA / EFE / MAXPPP)

Tout est fait pour pousser les gens à s'en occuper comme de vrais nourrissons. Ces poupons de silicone artisanaux ont des veines, des larmes et de la salive, certains tètent et vont même jusqu'à uriner. 

En avril 2025, des vidéos d'une rencontre de quelques collectionneuses sont devenues virales. Depuis, les bébés Reborn sont partout et la pratique interroge. Le débat s'invite même au Parlement brésilien, où un projet de loi prévoit des aides psychologiques pour les détenteurs de poupées.

Desirée Casado, psychologue au Brésil, a tranché : "Ça peut être un geste symbolique, un hobby, une forme de s'exprimer émotionnellement... Par contre, si la pratique est associée à un isolement social extrême, à une souffrance psychique intense ou que cela impacte la vie au quotidien, alors oui, il faut y être attentif. Mais c'est l'exception, pas la règle."

Vraie tendance ou bulle médiatique ?

Daniela Bittar, également psychologue, ajoute qu'en 20 ans en psychologie périnatale, elle n'a jamais vu de "distorsion affective en relation à ces bébés Reborn. Il n'y a aucune étude, aucun article scientifique." Les poupées sont même utilisées dans le cadre de soins thérapeutiques à destination de personnes âgées atteintes de maladies neurodégénératives, par exemple. Pour elle, la focalisation médiatique crée une "distorsion de la réalité", mais il n'y a pas de vrai "phénomène de société".

Le sujet est clivant, il est donc très adapté aux réseaux sociaux (les pratiquantes font face à des insultes violentes). Pour Desirée Casado, la haine de cette pratique est révélatrice d'une gêne plus profonde. "Quand un homme adulte joue aux jeux vidéo ou collectionne des figurines de super-héros, c'est considéré comme un loisir. Par contre, si une femme adulte joue à s'occuper d'une poupée, cela devient pathétique ou pathologique."

Au final, la fièvre des bébés Reborn pourrait bien n'être qu'une fièvre, qui se calmera une fois les projecteurs tournés vers la prochaine tendance.

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