Narcotrafic : les réseaux albanais en forte expansion
Alors qu’en France, l’Assemblée nationale discute des mesures à prendre pour sortir du piège du narcotrafic, certains pays européens sont régulièrement pointés du doigt pour leur passivité dans la lutte contre ce fléau. C’est notamment le cas de l’Albanie.
Quand on parle de trafic de drogue en Europe, on évoque souvent le rôle des groupes criminels albanais. De l’avis de nombreuses polices et institutions internationales, les réseaux albanais font partie des organisations criminelles qui connaissent la plus forte expansion.
Pour comprendre pourquoi ce pays peuplé de seulement 2,4 millions d'habitants joue un tel rôle dans le trafic international, il faut revenir sur son histoire récente. Pendant près de 50 ans, l’Albanie était une dictature communiste complètement isolée, on la surnommait même la Corée du Nord de l’Europe. Mais après la chute du régime en 1991, le pays a sombré dans le chaos. Des centaines de milliers d’Albanais, contraints par la misère, ont émigré vers la Grèce ou l’Italie voisines. C’est au contact des mafias italiennes que certains groupes claniques se sont lancés dans des activités illégales : prostitution, trafics d’armes et d’êtres humains, et bien sûr le trafic de stupéfiants.
L'implantation du trafic en Europe
Au fil des années, et notamment grâce à leur collaboration avec les mafias italiennes, les réseaux albanais se sont implantés dans de nombreux pays européens.
"Certains sont remontés par la route des Balkans, de Milan vers la gare de Lyon pour aller s'installer en Suisse, en Allemagne, puis en Angleterre. Cette mafia est essentiellement spécialisée dans le trafic de drogue, et dans le trafic d'héroïne, suivant la route des Balkans. Elle a toujours été pourvoyeuse d'héroïne pour les mafias italiennes et elle est venue vendre l'héroïne en Suisse, en France", explique le chercheur Fabrice Rizzoli, spécialiste de la grande criminalité.
Ces dernières années, les groupes albanais sont devenus des acteurs importants du trafic mondial de cocaïne. Selon Europol, ils sont aujourd’hui présents sur les lieux de production en Amérique du Sud, et ils sont également très actifs dans les ports européens comme ceux d’Anvers ou de Rotterdam, et dans des grandes villes comme Londres et Berlin.
Les autorités accusées de passivité
Alors que le pays est officiellement candidat à l’Union européenne depuis 2014, les rapports pointent tous des insuffisances dans la lutte contre la criminalité organisée. Depuis 2019, cependant, une structure spéciale anticorruption a été mise en place, le SPAK, et ses procureurs ont mis en cause plusieurs personnalités politiques pour leurs liens supposés avec les trafiquants. Pourtant malgré ces avancées, de nombreux spécialistes s’inquiètent de la faible volonté politique pour lutter contre le blanchiment d’argent.
"Des institutions pour lutter contre le blanchiment d’argent existent, et elles sont assistées par des agences occidentales, mais malheureusement, elles ne sont pas suffisamment équipées pour répondre aux besoins", estime Zef Preçi, économiste et ancien ministre de l’économie. L’agence de lutte contre la criminalité organisée, le SPAK, travaille très bien avec ses homologues occidentaux, mais elle n’est que faiblement soutenue par les autorités locales et le gouvernement. D’après moi, le succès de la lutte contre le blanchiment d’argent en Albanie reste incertain."
Selon un rapport de l'Initiative mondiale contre la criminalité organisée transnationale, plus d’1,5 milliard d’euros auraient été ainsi blanchis dans le secteur du BTP entre 2017 et 2020.
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