Inspiré par l'Allemagne, Gérald Darmanin annonce l'arrivée en France de prisons modulaires

Le projet pilote allemand de prison modulaire, qui permet de lutter contre la surpopulation carcérale, a séduit Gérald Darmanin. Le ministre a pu visiter le complexe pénitentiaire et ainsi annoncer l'importation prochaine en France.

Article rédigé par David Philippot
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Les prisons modulaires pour lutter contre la surpopulation carcérale. (VINCENT ISORE / IP3 PRESS / MAXPPP)
Les prisons modulaires pour lutter contre la surpopulation carcérale. (VINCENT ISORE / IP3 PRESS / MAXPPP)

Lutter contre la surpopulation carcérale, c’est l’une des priorités du garde des Sceaux. Dans les prisons françaises, il y a actuellement plus de 82 000 détenus, mais de la place pour seulement 62 000 d’entre eux. Résultat, il y a plus de 5 000 prisonniers qui dorment sur des matelas à même le sol.

Après avoir étudié le modèle anglais en avril 2025, Gérald Darmanin s’est rendu en Allemagne, dans le complexe pénitentiaire de Meppen, situé à la frontière des Pays-Bas.

Le projet pilote bientôt en France ?

En compagnie de sa délégation, le ministre de la Justice s’est fait une idée en sillonnant les allées de cette prison particulière, avec ses parterres de fleurs et ses pelouses coupées de frais. En levant la tête, Gérald Darmanin a aussi vu les cloisons extérieures surmontées de triples rangées de rouleaux de barbelés et les lourdes portes à système électromagnétique. À l’intérieur des préfabriqués en béton armé, les cellules aux murs clairs sont meublées de bois clair, style scandinave. La visite guidée de cette prison modulaire était organisée par la ministre de la Justice du Land de Basse-Saxe, Kathrin Wahlmann.

"C'était effectivement surprenant, il s'est annoncé la semaine dernière, 10 jours plus tard il était là. Mais je suis très contente parce que ce projet est vraiment un projet phare, sans équivalent en Allemagne."

Kathrin Wahlmann

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Un projet pilote a été lancé en 2021 par ce Land du nord-ouest de l’Allemagne, pour, là aussi, lutter contre la surpopulation carcérale. De la planification à l’emménagement des détenus dans ces nouvelles cellules, il n'a fallu que 10 mois. Sur place, l'assemblage des préfabriqués comme des Lego s'est fait en trois jours. Un processus simplifié et sécurisé selon la ministre Wahlmann : "Normalement, quand on a un chantier à l'intérieur d'une prison, il faut contrôler chaque ouvrier qui entre et qui sort. Il faut aussi contrôler chaque camion de marchandises et comme cette construction n’a duré que quelques jours, cela a été un gain de sécurité énorme."

Aujourd’hui dans ce complexe pénitentiaire vivent une quarantaine de détenus handicapés, des personnes fragiles psychologiquement ou même des délinquants sexuels dont les peines vont jusqu’à 15 ans de prison. Ils sont gardés par 21 surveillants. La construction modulaire n’empêche pas une sécurité maximale et un bon état des lieux. Les préfabriqués restent flambant neufs presque quatre ans après leur mise en service.

Gérald Darmanin convaincu

Le ministre souhaite donc accélérer les choses et a annoncé la construction de structures modulaires pour des détenus en semi-liberté ou condamnés à de courtes peines. 3 000 places, constructibles en 18 mois, selon lui.

La première structure de 50 places doit sortir de terre à Troyes dans l'Aube, livraison prévue à l’automne 2026. L’administration pénitentiaire estime qu’un détenu sur 3, comme les fins de peine ou les personnes incarcérées pour des délits routiers pourraient vivre avec un régime carcéral plus souple et moins coûteux.

Selon le ministre, créer ce type d’hébergements préfabriqués est "deux fois moins cher" : 200 000 euros par détenu contre 400 000 euros en prison classique. Des chiffres contestables, car la prison modulaire de Meppen a coûté 5 millions d'euros, un tiers plus cher, selon les autorités judiciaires de Basse-Saxe, qu’une structure pénitentiaire conventionnelle.

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