Corrida : à Mexico, des manifestants réagissent contre une mesure qui interdit les mises à mort du taureau
Dans ce pays ou la tauromachie existe depuis bientôt 500 ans, la capitale se distingue des autres régions en optant, mardi, pour des corridas sans violences. Mais ce compromis est rejeté par des opposants qui espèrent annuler l'entrée en vigueur prévue dans les prochains mois.
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Mexico vient de changer les règles des corridas dans la capitale mexicaine : il n’y aura plus de mise à mort. Tuer ou même blesser le taureau sera interdit. La mesure a été approuvée, mardi 18 mars 2025, par la quasi-totalité des législateurs du gouvernement de la ville et devrait entrer en vigueur d’ici quelques mois.
Depuis des années, la ville de Mexico tergiverse sur ce sujet. Les corridas avaient été interdites une première fois en 2022 puis la décision avait été révoquée par la Cour suprême un an plus tard, en 2023. Depuis, la tauromachie a continué légalement dans la capitale mexicaine, notamment au sein de la monumentale Place des Taureaux, la plus grande arène de corrida du monde, qui peut accueillir 50 000 spectateurs. Sans surprise, ces changements ne plaisent pas aux pro corridas, qui ont manifesté et bloqué aujourd'hui le centre de la capitale.
Cornes du taureau couvertes, banderilles exclues
Encadrés par la police qui bloque la circulation, des dizaines de manifestants se sont assis au milieu d’une artère principale de Mexico. Le ton monte lorsqu’une passante crie son soutien à la mesure au nom de la cause animale. Les passionnés dénoncent un acharnement politique sur la corrida : "Je suis fan de tauromachie depuis mes quatre ans, raconte Isabel, une manifestante. Ils vont à l'encontre des libertés individuelles de chaque personne en décrétant ce qu’on peut voir ou non. Les politiques devraient être beaucoup plus préoccupés par toute la violence et ne pas être contre une tradition pleine de valeurs, riche de contenus et social et culturel."
Selon les nouvelles règles, seul l’usage des capes - capote et muleta - sera autorisé. Les cornes du taureau seront couvertes, les épées et banderilles interdites. Blesser l’animal sera susceptible d’amende. Jorge Arriega, un jeune torero, soutient que cela n’a pas de sens et se dit extrêmement triste : "Cette nouvelle idéologie de vouloir humaniser les animaux, nous déshumanise totalement."
"Ces taureaux de combat vont mourir dans des abattoirs anonymement. C’est lâche."
Jorge, un jeune toreroà franceinfo
"Et demain, qu'est-ce qu'ils vont faire ? Ils vont s’en prendre à la pêche sportive, à la chasse, ou à l’équitation ?" déplore le jeune torero.
La fin d'un spectacle sur la frontière "entre la mort et la vie"
Depuis des années, la corrida est décriée par des groupes de défense des animaux. Les autorités de la capitale font valoir la mesure comme une forme de compromis. Le nouveau règlement permet à la fois de préserver le bien-être de l’animal et les dizaines de milliers d’emplois liés à la corrida. Mais l’avocat Salvador Arias Ruelas, membre du Conseil de la tauromachie mexicaine désapprouve : "C’est une interdiction déguisée sous couvert de la régulation de la tauromachie. Ce qui est proposé n'a rien à voir avec ce que nous, les fans et les professionnels, appelons la corrida de taureaux."
L’avocat promet le début d’une bataille juridique, puisque le secteur entend bien répliquer pour annuler l’entrée en vigueur de la mesure. Il est prévu d'invoquer le droit d’accès à la culture et du libre développement de la personnalité. "C’est un spectacle qui nous passionne bien évidemment pour tous les ingrédients qu'il contient, détaille l'avocat. Ce sont deux êtres vivants qui jouent ensemble entre la vie et la mort. Et tout ce qu'il s'y passe est on ne peut plus vrai. Pour beaucoup de personnes, la tauromachie n'est pas seulement un divertissement, une sortie du dimanche, elle fait partie intégrante de la vie."
La corrida classique reste légale et pratiquée dans de nombreux autres États au Mexique. La capitale fait figure d'exception. En 2017, elle avait inscrit dans sa Constitution la reconnaissance des animaux comme des êtres sensibles.
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