"Bruxelles est un point chaud en Europe, au même titre que Marseille" : quand les fusillades liées au narcotrafic augmentent dans la capitale belge

Depuis le début du mois de février, plusieurs fusillades, dont certaines mortelles, ont éclaté dans des communes bruxelloises. Elles sont liées aux guerres entre narcotrafiquants.

Article rédigé par franceinfo - Jean-Jacques Héry
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Temps de lecture : 3min
Un fourgon de police garé devant la station de métro Clemenceau après une fusillade à Anderlecht, à Bruxelles, le 6 février 2025. (HATIM KAGHAT / BELGA / AFP)
Un fourgon de police garé devant la station de métro Clemenceau après une fusillade à Anderlecht, à Bruxelles, le 6 février 2025. (HATIM KAGHAT / BELGA / AFP)

Un jour, une fusillade : c'est la réalité à Bruxelles. Le phénomène n'est pas nouveau, il est même en augmentation depuis plusieurs années. En 2024, selon les chiffres de la police fédérale, il y a eu 92 fusillades liées au trafic de drogue à Bruxelles, pour un bilan de neuf morts et de 48 blessés. Mais depuis début 2025, il y en a eu déjà 11, dont 10 au mois de février, faisant deux morts et plusieurs blessés.

"Bruxelles est un point chaud en Europe, au même titre que Marseille à peu près, affirme Astrid De Schutter, chercheuse à l'Institut flamand de la paix, un centre régional de recherche qui recense ces narco-fusillades. Et puis vous avez Naples encore bien au-dessus." Le 5 février, à un moment où les fusillades étaient quasi quotidiennes, la diffusion dans les médias d'images de vidéosurveillance tournées près d'une station de métro connue pour être un important point de deal, ont beaucoup fait réagir. On y voyait deux hommes en capuche sortir du métro avec des armes de guerre et se mettre à tirer en pleine rue, à 6 heures du matin, sans se soucier des passants qui partaient travailler.

Bien souvent, ce sont des hommes de plus en plus jeunes qui sont impliqués dans ces règlements de comptes.

"Ces jeunes, ils sont souvent très impulsifs, ils ne se rendent pas compte des risques qu'il y a à tirer en pleine rue."

Astrid De Schutter, chercheuse à l'Institut flamand de la paix

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On se bat dans les rues de Bruxelles pour pouvoir revendre la drogue aux consommateurs. La drogue, la cocaïne notamment, arrive par les grands ports de la mer du Nord, comme celui d'Anvers. Même les plus petits ports, comme Dunkerque où 10 tonnes de cocaïne ont été récemment saisies, sont aujourd'hui touchés.

Les fusillades sont aussi plus fréquentes parce que trouver une arme aujourd'hui, c'est beaucoup plus facile. "Les armes proviennent essentiellement des stocks des guerres des années 1990 en ex-Yougoslavie, explique Astrid De Schutter. Mais ce que l'on observe aussi, c'est une hausse du nombre de pistolets d'alarme turcs. Normalement, on ne peut que tirer à blanc avec, mais ils sont modifiés et transformés en véritables armes à feu. Ils sont beaucoup moins chers, donc plus faciles d'accès pour ces jeunes-là."

Une hausse des contrôles et des patrouilles de police

Mais un peu comme à Marseille ou ailleurs, la police a du mal à lutter contre ces guerres de territoire. Ces groupes qui se battent pour garder des points de deal qui peuvent rapporter de 60 000 à 120 000 euros par jour, selon des chiffres cités par le journal La Libre Belgique.

Il y a eu une hausse des contrôles et des patrouilles de police immédiatement. Mais plus globalement, le nouveau procureur du Roi à Bruxelles, récemment nommé, déplore, comme les habitants, un manque de moyens structurels pour la police et la justice. De son côté, le nouveau gouvernement fédéral veut fusionner les six zones de police de Bruxelles, il estime que cela rendrait les forces de l'ordre plus efficaces. Mais ni le procureur ni les bourgmestres des 19 communes de Bruxelles ne sont convaincus.

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