Bolivie : plusieurs mois après des incendies dévastateurs, la population souffre toujours des dégâts des fumées
À San Javier, dans l'est du pays andin, la région a été dévastée par les flammes en 2024. Près de trois mois après la fin des incendies, les habitants témoignent des séquelles sur leur santé, alors que désormais, les incendies reviennent chaque année dans le pays.
/2023/07/07/64a7df4c5fe71_placeholder-36b69ec8.png)
/2025/02/07/000-36h492k-67a62b64beabd352135757.jpg)
En 2024, la Bolivie a été dévastée par des incendies d'une ampleur sans précédent. L'équivalent de trois fois la superficie de la Belgique a été réduit en cendres et la population a vécu pendant des semaines, voire des mois, au milieu d'une épaisse couche de fumée. L'effet de ces feux et de ces fumées sur la santé est encore visible chez certaines personnes près de trois mois après la fin des incendies.
Lorsque l'on arrive à San Javier, dans l'est de la Bolivie, il est difficile d'imaginer que la région a été dévastée par les flammes il y a quelques mois. Grâce au climat tropical et aux pluies récentes, les collines et les pâturages sont tous verdoyants. Pourtant, ici, les habitants ont dû lutter pendant plus de 100 jours contre différents incendies. À la centrale des communautés indigènes de la ville, qui regroupe 60 communautés et près de 1 500 familles, Gabrielle raconte comment ses enfants ont souffert de la fumée des feux.
"Nous avons été pendant près de trois mois dans la fumée."
Gabrielle, une habitante de San Javiersur franceinfo
"L'école était annulée pendant une semaine, puis les enfants revenaient un jour, puis c'était une nouvelle semaine sans classe. Ils avaient tous les yeux rouges à cause de la fumée, ils ne voyaient plus bien. Et cela s'ajoutait à la toux, l'impression de ne plus pouvoir respirer normalement", se souvient Gabrielle.
Au plus fort des incendies, les écoles ont été fermées dans un tiers du pays. Même dans des villes comme La Paz, en pleine montagne et à des centaines de kilomètres des incendies, les élèves ont été affectés par les fumées.
Les personnes âgées particulièrement touchées
Les personnes âgées ont également beaucoup souffert lors de cette période. Pour s'en rendre compte, il faut se rendre dans la communauté de Bella Vista à une quarantaine de minutes en moto. "La fumée m'a fait vraiment beaucoup de mal. À un moment, j'ai même été hospitalisée, on me donnait de l'oxygène, car je n'arrivais plus à respirer", raconte Maria, 64 ans.
Ici, les trois-quarts du territoire de la communauté ont brûlé. Seules les habitations ont été sauvées et tous les champs permettant l'alimentation des habitants ont été réduits en cendres. La famille de Maria doit donc rationner son alimentation et acheter une partie de leur nourriture, ce qu'ils n'ont pas l'habitude de faire.
Quant à Maria et son mari, ils ne se sont pas totalement remis des feux. "J'ai encore des problèmes aux yeux, ils se fatiguent très vite. Donc oui, ma vue n'est plus la même depuis les incendies et c'est pareil pour mon mari", confie-t-elle.
"C'est à nous, les plus anciens, que les fumées ont fait le plus de mal, nous n'avons pas pu nous en remettre."
Maria, habitante de la communauté Bella Vistasur franceinfo
Pour Cristian Ortiz, médecin dans un centre de soins d'une petite ville du nom de Santa Ana de Velasco, la réponse des autorités pendant la crise n'a pas été à la hauteur et encore aujourd'hui, il lui arrive de recevoir des patients qui souffrent des conséquences des incendies. "C'est logique qu'en respirant ces fumées pendant un temps prolongé, les personnes développent des problèmes, explique le médecin. Il y a deux semaines, on nous a encore amené un patient qui souffrait des poumons et, évidemment, c'était parce qu'il avait inhalé trop de fumée pendant la période des feux."
Selon lui, beaucoup de personnes, notamment âgées, ne savent pas quel est l'état de leurs poumons et, plus généralement, leur état de santé après la période des feux, alors qu'en Bolivie, les incendies reviennent chaque année. Il espère donc qu'à l'avenir, les autorités prendront mieux en charge les personnes à risque, par exemple avec des évacuations lorsque la fumée des feux est trop importante.
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter