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Dans la peau de l'info de "Bellingcat", le "pire cauchemar de Vladimir Poutine"

Créé en 2014 par Eliot Higgins, le site d'investigation numérique est devenu le représentant d'un nouveau mode de journalisme basé sur l'analyse des données accessibles à tous en ligne. 

Article rédigé par franceinfo, Marie Dupin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Le journaliste d'investigation britannique Eliot Higgins, fondateur de "Bellingcat", en 2016. (PIROSCHKA VAN DE WOUW / ANP MAG)
Le journaliste d'investigation britannique Eliot Higgins, fondateur de "Bellingcat", en 2016. (PIROSCHKA VAN DE WOUW / ANP MAG)

Imaginez une bande de souris qui s’associent et qui, pour le bien commun, mettent une clochette autour du cou d’un chat devenu inoffensif : je suis "Bellingcat", un média d’investigation pas comme les autres.

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Je me revendique "comme le pire cauchemar de Vladimir Poutine", chef de file d’un nouveau journalisme basé sur l’analyse de données. Fondé en 2014 par Eliot Higgins, citoyen britannique de la campagne anglaise, avec son look de prof d’université, ses vestes en velours et ses petites lunettes rectangulaires. Aujourd'hui, il doit être très prudent. Lorsqu’il voyage, il enferme ses caleçons dans un coffre pour ne pas être empoisonné par ses sous-vêtements comme Alexei Navalny.

Et pour cause : je suis à l’origine des révélations sur le rôle des renseignements russes dans l’empoisonnement de cet opposant au régime. Il y a quelques années les médias traditionnels ne me prenaient pas trop au sérieux, je suis devenu l’épouvantail des régimes autoritaires, et j'ai formé des milliers de personnes et des centaines de journalistes à travers le monde à l’Osint, l'Open source intelligence, des ressources numériques accessibles à tous sur Internet, telles que des données personnelles non protégées, des géolocalisations... Ou comment piéger des espions russes grâce à leurs commandes de pizzas.

Une machine à scoop mais aussi une ONG

Mon art, c’est de trouver la bonne information pour l’analyser correctement. Par exemple sur la responsabilité de la Russie dans le crash du MH17…en pleine zone de conflit entre Ukrainiens et séparatistes prorusses. En 2014, j'ai décortiqué une vidéo postée sur les réseaux sociaux : un plan fixe, une route bordée d’arbres et un char lanceur de missiles. Avec toutes ces données vérifiées, analysées, croisées, je réussis à démontrer que ce sont bien les séparatistes prorusses qui sont à l’origine du tir. C’est mon premier scoop, le premier d’une longue série

Avec ma trentaine d’employés et une cinquantaine de collaborateurs à travers le monde, j’indexe des preuves de crimes de guerre. La date, l’heure, le lieu des exactions... Mon espoir, c’est, qu’un jour, ces données soient utilisés dans le cadre d’un procès pour crimes de guerre ou crimes contre l’humanité, de mettre la technologie et ses preuves numériques incontestables au service du bien commun.

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