Volodymyr Zelensky diffuse des images de soldats nord-coréens capturés par l'armée ukrainienne

Le président ukrainien relaie sur ses réseaux sociaux des images montrant deux soldats nord-coréens qui seraient interrogés à Kiev après leur capture dans la région de Koursk, en Russie. Des images de propagande utilisées par le pouvoir ukrainien à quelques jours de l'investiture de Donald Trump.

Article rédigé par Nicolas Teillard
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Ces images sont utilisées par l'Ukraine pour corroborer la présence de soldats nord-coréens sur le front. (CAPTURE D'ECRAN INSTAGRAM)
Ces images sont utilisées par l'Ukraine pour corroborer la présence de soldats nord-coréens sur le front. (CAPTURE D'ECRAN INSTAGRAM)

Alors que l'investiture de Donald Trump interviendra lundi 20 janvier, dans une semaine, tous les leviers semblent bons à actionner pour Volodymyr Zelensky. Le président ukrainien diffuse lui-même sur ses réseaux sociaux des images émanant de ses services de renseignement, où deux hommes sont présentés comme des soldats nord-coréens, capturés en territoire russe, dans la région de Koursk.

Questionnés en présence d'un traducteur qui n'apparaît pas sur les images, les deux hommes sont filmés blessés, chacun sur un lit, sans que l'on ne puisse distinguer s'ils sont dans un hôpital. Le premier est allongé sous une couverture, la main largement bandée, alors qu'un bandage entoure la mâchoire du second, la lèvre encore saignante. 

Faut-il s'emparer de ces images, qui constituent, s'il s'agit bien de prisonniers, une violation de la Convention de Genève ? Convention dont l'article 13 prévoit d'épargner aux prisonniers de guerre "les violences et intimidations", mais aussi la "curiosité publique". Leur diffusion publique par le président ukrainien nous conduit à en faire l'analyse.

La propagande ukrainienne

Que disent ces "prisonniers" ? Qu'ils ne savent pas où ils sont, pas plus qu'ils ne savaient qu'ils combattaient en Ukraine. Des réponses données par de simples signes de tête, en réponse à un homme qu'on ne distingue pas sur les images, et dont la voix a été modifiée. Selon cet enregistrement, il apparaît également qu'ils pensaient "participer à un entraînement", et que leurs familles ne savent pas où ils sont... Les services secrets ukrainiens disent mener ces interrogatoires en lien avec les services sud-coréens, dans un centre de détention de Kiev. Impossible pour autant de vérifier l'identité et la nationalité de ces prisonniers, ni de connaître pour l'instant les conditions dans lesquelles ils s'expriment.

Des images qui obéissent à une mécanique de propagande, et dont l'Ukraine se sert en tout cas pour faire passer des messages. D'abord pour corroborer la présence de soldats nord-coréens sur le front, ce qui n'a été confirmé ni par Moscou ni par Pyongyang jusqu'ici, alors que les renseignements américains estiment qu'environ 10 000 hommes ont été envoyés dans la région de Koursk, en Russie. Pour alerter les alliés ensuite. Une semaine avant l'investiture de Donald Trump, Volodymyr Zelensky a tout intérêt à mettre en avant l'ampleur de la menace et de l'escalade que représente la participation aux combats d'une puissance hostile, qui fournit munitions et soldats à la Russie. Pour obtenir un échange de prisonniers enfin, même s'il est peu probable que le dictateur nord-coréen fasse grand cas de ces prises de guerre, l'Ukraine proposant de "remettre ces soldats à Kim Jong-un en échange de prisonniers ukrainiens détenus en Russie".

Citant les services de renseignements de Séoul, un député sud-coréen assure que 300 soldats du Nord ont été tués en Russie, et que "des notes retrouvées sur ces victimes indiquent qu'ils subissent des pressions" pour se suicider plutôt que d'être capturés. Là encore, c'est impossible à vérifier en l'état.

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