Union européenne : le délicat dossier de la défense commune

Lors du sommet européen informel, cette semaine au Danemark, on a reparlé de "l'Europe de la défense", après des incursions de drones dans l'espace aérien de pays de l'UE

Article rédigé par franceinfo - Anne Soetemondt
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le commissaire européen à la Défense et à l'Espace Andrius Kubilius, à Bruxelles le 21 mai 2025 (NICOLAS TUCAT / AFP)
Le commissaire européen à la Défense et à l'Espace Andrius Kubilius, à Bruxelles le 21 mai 2025 (NICOLAS TUCAT / AFP)

L'Europe a radicalement changé de logiciel en quelques années. Car ce qu’on appelle aujourd'hui l'Union européenne s'est construite sur un projet de paix : au sortir de deux guerres mondiales, l'idée a été de plus coopérer pour éviter le rapport de force, de créer des dépendances pour rendre impossible tout nouveau conflit. Première étape en 1951 : la création de la Ceca, la communauté européenne du charbon et de l'acier. Et cela va continuer comme ça pendant des dizaines d'années : création d'un marché commun, d'une monnaie commune… L'UE va même pousser la logique hors de ses frontières, en créant une interdépendance énergétique avec le partenaire russe, industrielle avec la Chine ou encore sécuritaire avec les Etats-Unis.

Ce qui va tout changer, c'est en 2022 l'invasion russe de l'Ukraine et le retour de la guerre aux frontières de l'Europe. Puis, début 2025, le retour de Donald Trump au pouvoir à Washington. Si, au cours de son premier mandat, Trump avait déjà questionné l'Otan, son deuxième mandat est d'une tout autre nature. À Bruxelles, tout le monde le dit : le chantage aux droits de douane et les images dans le bureau ovale de Trump et Zelensky ont fait office d'électrochoc. "En quelques mois, on a compris que la Russie pourrait nous attaquer et que les Etats-Unis pourraient ne pas nous défendre", résume un eurodéputé partisan d’une vraie défense européenne.

La défense européenne avance, mais...

Pour la première fois, un commissaire à la Défense a été nommé l'année dernière. Il défend une hausse du budget. Plusieurs programmes ont par ailleurs stimulé l'industrie de défense européenne, permettant par exemple de passer de la production de 300 000 munitions à deux millions par an depuis 2022.

Cette semaine à Copenhague, les 27 ont tenté de mettre en scène une Europe de la défense : une frégate allemande à quai, des renforts militaires français, polonais... Mais sans réellement parvenir à se coordonner : "Les documents ne détectent pas les drones", a taclé la Lituanie, faisant référence à un plan défense de la Commission à échéance 2030. Autre illustration : il y a quelques jours, la Commission a du scinder une réunion des ministres de la Défense européens en deux car certains pays, comme la Finlande, ne voulaient pas dévoiler leur position sur le mur antidrones devant la Hongrie ou la Slovaquie, jugées pro-russes… L'Europe de la défense est encore loin !

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