Reconnaissance de l'État de Palestine : un geste historique à haute valeur symbolique, mais sans réels effets concrets

La France s'apprête lundi à reconnaître un État palestinien, comme l'ont fait le Royaume-Uni, le Portugal ou le Canada et l'Autsralie quelques heures plus tôt. Ce mouvement d'une dizaine de pays n'est pas sans conséquences, et répond à l'urgence de la situation à Gaza, mais n'aura que très peu d'effets en pratique.

Article rédigé par Nicolas Teillard
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Un manifestant pro-Palestine proteste devant le siège de l'ONU avant la 80e Assemblée générale de l'ONU à New York. (ANGELA WEISS / AFP)
Un manifestant pro-Palestine proteste devant le siège de l'ONU avant la 80e Assemblée générale de l'ONU à New York. (ANGELA WEISS / AFP)

Une dizaine de pays dont la France reconnaîtront un État Palestinien, lundi 22 septembre 2025, durant l'Assemblée générale de l'ONU. Aussi symbolique soit-elle, cette initiative ne sera pas aussi décisive qu'elle n'y paraît. Elle ne mettra ni fin à la guerre à Gaza, ni à la souffrance de ses habitants, pas plus qu'elle ne permettra la libération des otages.

Depuis la fin des années 80, plus de 140 pays ont déjà reconnu la Palestine sans que le quotidien des Palestiniens ne connaisse la moindre évolution. Être reconnu que cela soit par la France, le Canada ou le Portugal, cela ne veut pas dire être reconnu par l'ONU, où la Palestine ne dispose que d'un statut d'observateur et non de membre à part entière.

Une situation susceptible d'évoluer ?

Un changement de statut aux Nations Unies, cela ne peut se faire qu'à travers un vote de l'Assemblée général, et sur proposition du Conseil de Sécurité à l'unanimité. Pour le moment, les États-Unis ne sont pas disposés à voter en faveur de cette reconnaissance et poseraient leur veto, comme la Russie le fait pour entraver toute tentative de reconnaissance du Kosovo, alors même que la France a reconnu le petit État des Balkans, il y a plus de 15 ans.

Ce n'est pas le seul point de blocage, l'existence d'un État est conditionnée au fait de disposer d'un territoire et d'un gouvernement en capacité de l'administrer. Deux aspects plus que jamais menacés par une colonisation israélienne, qui s'est accélérée ces derniers jours. Les menaces d'annexion réaffirmées par Benyamin Nétanyahou rendent l'existence même d'un territoire sur lequel bâtir un État de plus en plus hypothétique.

Une initiative française symbolique

Malgré tout, cette reconnaissance a une dimension symbolique incontestable, avec cette initiative de la France et du Royaume-Uni, les États-Unis sont désormais parmi les 15 membres du Conseil de Sécurité, les seuls à s'opposer à une reconnaissance de l'État Palestinien.

Cette action, qui suscite des critiques américaines ainsi que la colère d'Israël qui menace d'ailleurs de représailles les capitales engagées dans ce processus, a également poussé des alliés du Hamas tel que le Qatar et la Turquie à se prononcer pour le désarmement du mouvement islamiste.

Il faut aussi noter que les travaux qui accompagnent cette reconnaissance depuis des mois ont des effets sur l'Autorité palestinienne, même si les engagements pris et notamment l'organisation d'élections, restent pour l'instant à l'état de promesses.

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