Nouveaux échanges de tirs au Cachemire entre l'Inde et le Pakistan, une semaine après un attentat meurtrier

Des échanges de tirs entre soldats indiens et pakistanais ont rythmé ces derniers jours, une semaine après l'attaque sanglante qui a visé des touristes dans la partie indienne de ce territoire disputé. Le Pakistan craint une intervention militaire indienne "imminente".

Article rédigé par Nicolas Teillard
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Des enseignants et des étudiants de l'Université de Karachi lors d'une manifestation anti-indienne à Karachi le 28 avril 2025, dénonçant la menace de couper l'approvisionnement en eau du fleuve Indus. (ASIF HASSAN / AFP)
Des enseignants et des étudiants de l'Université de Karachi lors d'une manifestation anti-indienne à Karachi le 28 avril 2025, dénonçant la menace de couper l'approvisionnement en eau du fleuve Indus. (ASIF HASSAN / AFP)

Le Cachemire est un lieu hautement symbolique, au cœur d'un conflit inextinguible depuis plusieurs décennies. Le poste-frontière de Wagah, seul passage terrestre entre l'Inde et le Pakistan dans cette région disputée du Cachemire, est fermé depuis une semaine, après qu'un attentat sanglant a visé des touristes mardi 22 avril, dans la partie indienne du territoire.

Au moins 26 personnes ont trouvé la mort dans cette attaque menée par des hommes armés qui ont surgi d'une forêt. C'était l'action la plus violente depuis près de 20 ans contre des civils, et le point de départ d'une nouvelle escalade entre les deux frères ennemis de la région.

Une réponse militaire après les mesures diplomatiques

Sans apporter de preuves évidentes jusqu'ici, l'Inde accuse son voisin d'être impliqué dans l'attaque. Et, après une série de représailles diplomatiques (expulsions de diplomates, annulations de visas...) et la fermeture de ses frontières, l'hypothèse d'une réponse militaire indienne prend de plus en plus de poids. Plusieurs échanges de tirs ont eu lieu ces derniers jours entre soldats des deux camps, et l'état-major de l'armée pakistanaise estime qu'une incursion militaire indienne est désormais "imminente".

Si le risque d'un conflit généralisé reste limité, il ne faut pas négliger la menace de voir ces deux puissances nucléaires s'affronter. Tout laisse à penser, ces derniers jours, que l'Inde prépare une riposte armée. Et ce genre d'initiatives comporte toujours le risque de voir la situation dégénérer, dans une région déjà théâtre de trois guerres lors des 80 dernières années.

Autrefois réunis, les deux pays n'ont jamais accepté les frontières mises en place après la partition de l'Inde, et le contexte politique actuel est propice à une rhétorique guerrière, avec des dirigeants frappés par l'impopularité. Au Pakistan, la tentation est grande de brandir la menace indienne pour faire oublier une situation économique et sécuritaire catastrophique, quand la reprise de l'ensemble du Cachemire, revendication historique en Inde, correspond aux discours et aux visées nationalistes du parti de Narendra Modi au pouvoir à New Dehli.

La menace d'une guerre de l'eau

Le gouvernement indien fait aussi planer la menace d'une guerre de l'eau. Pour la première fois depuis l'accord datant de 1960, il a décidé, en représailles à l'attentat, de suspendre le traité sur le partage des eaux de l'Indus. Un fleuve gigantesque qui prend sa source dans l'Himalaya, et traverse la partie indienne du Cachemire avant de s'écouler vers le sud du Pakistan, où ses eaux irriguent toute la région.

Ce fleuve est absolument vital pour les cultures pakistanaises, et pour l'économie du pays, mais c'est une source que l'Inde pourrait assécher en quelques jours grâce à ses barrages et à ses réserves. En plus d'avoir le doigt sur la gâchette, l'Inde a donc la main sur le robinet, mais le Pakistan a prévenu, sa fermeture serait considérée comme "un acte de guerre".

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