Négociation entre Israël et le Hamas : quels sont les potentiels points de blocage ?

Les divisions internes du Hamas, le cessez-le-feu difficile à mettre en place et le désarmement du mouvement islamiste rendent l’accord très incertain.

Article rédigé par Sébastien Laugénie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un bombardement israélien sur la bande de Gaza, le 19 septembre 2025. (JACK GUEZ / AFP)
Un bombardement israélien sur la bande de Gaza, le 19 septembre 2025. (JACK GUEZ / AFP)

Des négociations cruciales entre Israël et le Hamas débutent, lundi 6 octobre, à Charm el-Cheikh en Égypte. Elles présentent de nombreux obstacles et, à chaque difficulté, tout peut s'arrêter. Ces pourparlers s'annoncent surtout techniques, prévus sur deux jours comme le voudrait Donald Trump, mais ils pourraient durer plus longtemps. Il s'agit de créer les conditions sur le terrain, presque heure par heure, pour la libération de tous les otages israéliens, avec en retour celle de centaines de prisonniers palestiniens.

Dans la colonne des points positifs, il y a l'énorme pression politique sur les deux camps. Personne ne veut apparaître comme celui qui aura fait échouer cette opportunité. Mais, la colonne des points négatifs est beaucoup plus longue. Ce sont des discussions indirectes, chacun étant dans une pièce séparée avec de nombreux médiateurs. Le Hamas est divisé. Il y a la branche politique, présente en Égypte et favorable à des compromis, tandis que la branche militaire à Gaza est beaucoup plus morcelée, avec de jeunes commandants recrutés après le 7-Octobre, sur lesquels les dirigeants ont peu d'influence.

Des difficultés pour rassembler les otages 

La mise en place du cessez-le-feu s'annonce aussi complexe. Il faut libérer au total 48 otages, dont une vingtaine sont encore vivants. Le Hamas ne dispose que de trois jours maximum. Or, Gaza est un champ de ruines, et rassembler l'ensemble des otages risque de tourner au casse-tête logistique. Sans compter qu'en amont de ce cessez-le-feu, le Hamas exige un calendrier précis de retrait par étapes de l'armée, comme mentionné dans le plan Trump. Le gouvernement israélien n'a rien validé et a continué tout le week-end à bombarder malgré les appels du président américain à arrêter immédiatement. Soixante morts sont à déplorer ces deux derniers jours.


La libération des prisonniers palestiniens représente un autre point potentiel de blocage. Israël a donné son accord à la sortie de 250 prisonniers condamnés à vie et à 1 700 personnes incarcérées après le 7-Octobre, mais c'est sur la liste des 250 que les discussions peuvent achopper. Le Hamas pourrait essayer d'y intégrer les détenus les plus influents, comme le cas très délicat de Marwan Barghouti, symbole d'unité palestinienne, dont l'État hébreu refuse la libération.

À long terme, rien ne semble moins simple non plus. La phase 2, celle du jour d'après, est dans l'impasse totale. Il y a le très sensible désarmement du Hamas. Les États-Unis entendent nettoyer la bande de Gaza, mais le Hamas veut pouvoir conserver au minimum des armes défensives.
Ensuite, la gouvernance de l'enclave pose problème. Le plan Trump prévoit que le Hamas en soit totalement exclu. Le mouvement islamiste veut y avoir sa place.

Une paix durable reste donc très hypothétique, avec le risque que ces négociations ne se soldent finalement que par un cessez-le-feu de 72 heures.

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