Manifestations, modification du parcours, chutes... La présence de l'équipe Israel Premier Tech sur la Vuelta électrise l'édition 2025

La 80e édition du tour d'Espagne cycliste est marquée par des perturbations sans précédent dans l'épreuve. Des manifestants dénocent la présence d'une équipe israélienne dans le peloton. Le gouvernement espagnol s'est saisi de l'affaire, alors que les organisateurs s'inquiètent pour l'arrivée de la course dans la capitale.

Article rédigé par Nicolas Teillard
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le coureuritalien de l'équipe Israel Premier-Tech, Marco Frigo (au centre), roule aux côtés de manifestants pro-palestiniens au départ de la 12e étape de la Vuelta a Espana, , le 4 septembre 2025. (ANDER GILLENEA / AFP)
Le coureuritalien de l'équipe Israel Premier-Tech, Marco Frigo (au centre), roule aux côtés de manifestants pro-palestiniens au départ de la 12e étape de la Vuelta a Espana, , le 4 septembre 2025. (ANDER GILLENEA / AFP)

La géopolitique s'est donc invitée dans le sport de manière spectaculaire, sur fond de guerre à Gaza, et sous la pression de manifestants qui multiplient les actions sur les routes espagnoles. Une mobilisation d'une telle ampleur qu'à deux jours de l'arrivée à Madrid, le suspense n'est plus tant de savoir qui va l'emporter, mais plutôt de savoir si la course ira bien à son terme, et ce qu'il en restera dans les mémoires. L’enjeu sportif de cette 80e édition a été relégué au second plan par les perturbations qui ont émaillé l'épreuve, comme aucune autre jusqu'ici dans le sport mondial. Pas un jour ou presque sans manifestants arborant des drapeaux palestiniens, sur le bord des routes ou la ligne d'arrivée, et dénonçant la présence sur la course de l'équipe "Israel Premier Tech", dont le patron, Sylvan Adams, est un proche de Benyamin Nétanyahou.

Un cauchemar pour les organisateurs, évidemment impuissants à sécuriser totalement les centaines de kilomètres du parcours, et qui ont déjà dû tronquer des étapes, ou même les neutraliser, comme à Bilbao il y a 10 jours. Cible des protestations, l'équipe israélienne a retiré toute référence à l'État hébreu de son maillot ou de ses bus, mais pas question de quitter la course, comme l'ont suggéré certains membres de l'organisation, au nom de "la sécurité du peloton".

Des coureurs divisés sur la marche à suivre

Le malaise est général dans le pelotton, avec des coureurs pris entre la stupéfaction, l'inquiétude et le fatalisme. "Les gens qui manifestent le font pour une raison, car ce qui se passe actuellement est horrible" a réagi le double vainqueur du tour de France, Jonas Vingegaard, qui porte le maillot de leader, mais tous les coureurs n'ont pas la même mansuétude avec des manifestants qui ont provoqué des chutes en traversant la route au passage du peloton.

Plus largement, beaucoup se demandent un peu ce qu'ils font là, ou ne comprennent pas pourquoi leur sport est ciblé, comme aucun autre jusqu'ici. Il y a deux jours, les coureurs ont décidé qu'ils quitteraient tous la course en cas de nouvel incident. Il n'y en a pas eu, mais au prix d'une nouvelle modification du parcours, avec un contre-la-montre raboté de moitié, vendredi, autour de Valladolid. La controverse tiendra jusqu'à l'arrivée, prévue dimanche à Madrid, et qui s'annonce particulièrement mouvementée.

Ce n'est pas un hasard si ces protestations prennent une telle ampleur en Espagne : le pays est en pointe dans la dénonciation de la politique israélienne à Gaza, avec une opinion publique très mobilisée, et un premier ministre, Pedro Sanchez, qui a pris toute une série de sanctions cette semaine contre l'État hébreu. Vendredi, le porte-parole du gouvernement espagnol qui a plaidé pour que les instances du sport international appliquent aux athlètes israéliens des sanctions similaires à celles qui visent les sportifs russes depuis l'offensive en Ukraine. L’union cycliste internationale a écarté l'hypothèse jusqu'ici, en rappelant "l'importance fondamentale de la neutralité politique dans le sport"...

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