Les mises en garde récurrentes d'Israël sur l'avancée du programme nucléaire militaire iranien sont-elles justifiées ?

Israël considère que l’Iran a atteint un point de non-retour vers l’arme nucléaire, justifiant ainsi son attaque militaire. Malgré l'absence de preuve formelle d'un programme militaire actif, l’accumulation d’uranium enrichi par Téhéran inquiète fortement Israël et l’AIEA.

Article rédigé par Anne-Laure Jumet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Une image satellite fournie par Maxar Technologies montre l'installation nucléaire de Fordo (Fordow), Iran, 14 juin 2025. (MAXAR TECHNOLOGIES HANDOUT / MAXPPP)
Une image satellite fournie par Maxar Technologies montre l'installation nucléaire de Fordo (Fordow), Iran, 14 juin 2025. (MAXAR TECHNOLOGIES HANDOUT / MAXPPP)

Pour Israël, l'Iran a atteint un "point de non-retour" vers l'arme nucléaire. Une situation qui, selon l'État hébreu, justifie l'attaque débutée dans la nuit du jeudi 12 au vendredi 13 juin. Ce n’est pas la première fois que Benyamin Nétanyahou alerte le monde sur l’urgence de parer à la menace nucléaire iranienne. Le 27 septembre 2012, devant l'Assemblée générale de l’ONU, le Premier ministre israélien brandit à la tribune le dessin d’une bombe. Il explique qu'il faut trois étapes pour que l'Iran arrive au stade d'uranium enrichi requis, en vue de fabriquer l'arme atomique. "D'ici le printemps prochain, ou au plus tard l'été prochain, ils auront terminé l'enrichissement moyen et passeront à l'étape finale. À partir de là, il ne leur reste plus que quelques mois, voire quelques semaines, avant d'obtenir suffisamment d'uranium enrichi pour fabriquer la première bombe". 

Treize ans plus tard, l’Iran ne s’est pas doté de la bombe et le discours israélien n’a pas changé : Téhéran est très près d’y arriver ! Pendant cette période, la situation a évolué. Il y a eu l’accord de Vienne en 2015, encadrant le programme nucléaire iranien, en échange d’une levée des sanctions. En 2018, les Américains sortent de cet accord, une décision prise par Donald Trump lors de son premier mandat. Depuis, l’Iran se sent libérée de ses engagements et accumule désormais d’importantes quantités d’uranium enrichi jusqu’à 60%, bien au-delà des 3 à 5% nécessaires pour un usage civil.

Le seuil des 90% requis pour un usage militaire est désormais facilement et rapidement atteignable. Le stock dont dispose le régime (400 kg d'uranium enrichi à 60%, selon l'AIEA) est suffisant pour fabriquer plusieurs bombes. Une situation que l'AIEA, l'Agence internationale de l'énergie atomique, qualifie de très préoccupante.

Encore des étapes à franchir

Pour passer à une arme opérationnelle, il faut encore franchir quelques étapes puisqu'il faut construire les têtes nucléaires qui seront ensuite embarquées à bord de missiles. Combien de temps faut-il pour le faire ? Pour les experts et services de renseignement américains, il faut compter un, deux voire trois ans.

L'AIEA n'est pas en capacité d'affirmer que l'Iran a bel et bien l'intention de se doter de la bombe, au vu des inspections menées sur place depuis des années. En mars 2025, la chef du renseignement américain Tulsi Gabbard assurait devant le Sénat américain que l'Iran ne travaillait pas à la fabrication d'une arme nucléaire. Il a été sèchement recadré par Donald Trump, qui a donc semblé se ranger aux arguments d'Israël : ceux d'un programme secret visant à se doter de l'arme atomique.

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