Le sport comme vecteur de soft power pour le Rwanda de Paul Kagame
Le pays s'apprête à accueillir les championnats du monde de cyclisme à partir de dimanche. Après avoir investi massivement dans le football européen, le régime confirme que le sport est un outil majeur de développement et de rayonnement du pays.
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Le petit pays de la région des grands lacs va recevoir les championnats du monde de cyclisme à partir de dimanche 21 septembre. L'image vaudra le coup d'œil, et devrait marquer les esprits. Cependant, les détracteurs du président Paul Kagame considèrent qu'il s'agit d'une vaste opération de blanchiment de son image à l'international.
Habituées aux cols des Alpes, aux pavés des Flandres ou aux monts des Ardennes, les plus grandes stars du peloton, de Tadej Pogacar à Remco Evenepoel en passant par Julian Alaphilippe, vont découvrir les routes vallonnées qui entourent la capitale du Rwanda, Kigali, où ils vont se battre pour décrocher le maillot arc-en-ciel de champion du monde.
Une première sur le continent africain
L'organisation des mondiaux de cyclisme sur route est un évènement pour ce petit pays de moins de 15 millions d'habitants, qui organise pour la première fois une épreuve d'une telle envergure. Le continent africain est encore peu habitué à se voir attribuer de grandes compétitions sportives internationales, à l'exception notable de l'Afrique du Sud, qui a déjà organisé un mondial de rugby, en 1995, et une coupe du monde de foot, en 2010.
Le Rwanda et son président Paul Kagame s'invitent donc dans la cour des grands, et confirment que le sport est un vecteur majeur de soft power pour le pays. Ils le font avec le cyclisme, dans la continuité du Tour du Rwanda, inscrit au calendrier international depuis 2009. L'épreuve attire les foules sur les bords des routes, et sert de tremplin aux coureurs africains, qui se comptent encore sur les doigts de la main dans le peloton. C’est surtout "la meilleure vitrine pour le pays", selon son dirigeant, qui a fait le pari d'investir énormément d'argent dans le sport pour soigner son image, et celle du Rwanda, à l'international.
Une stratégie développée notamment par l'intermédiaire d'un organisme gouvernemental baptisé "Visit Rwanda", qui a bâti des partenariats très importants avec les plus grands clubs de foot européens. Depuis quelques années, le slogan s'affiche sur les panneaux publicitaires des enceintes les plus prestigieuses du continent, ou sur les manches des maillots du Paris Saint-Germain ou du club londonien d'Arsenal. Un coup marketing qui semble porter ses fruits, si l'on en croit le bond des visiteurs venus du Royaume-Uni, avec une affluence touristique qui a triplé ces dernières années.
Investissement ou "sportwashing" ?
Mais cette vaste opération séduction a aussi ses détracteurs. En interne, l'opposition rwandaise dénonce une gabegie d'argent public et la "folie des grandeurs" de Paul Kagame. Des critiques émanent aussi des ONG de défense des droits de l'homme, qui pointent le "sportwashing" orchestré par un président au pouvoir depuis 25 ans.
Récemment, les supporters allemands du Bayern Munich ont dénoncé à coups de banderoles le lien du club bavarois avec Visit Rwanda, soulignant le pouvoir autoritaire en place à Kigali, jusqu'à obtenir une révision du partenariat mis en place.
Mais l'indignation la plus virulente vient du pays voisin, la République démocratique du Congo, où les autorités comme les ONG rappellent que Paul Kagame, malgré ses dénégations, joue un rôle actif dans le soutien du Rwanda aux rebelles du M23, accusés d'avoir commis des massacres dans la région du Kivu, dans l'est du pays. L'offensive conduite vers Goma, il y a quelques mois, avait d'ailleurs poussé le Parlement européen à réclamer l'annulation de ces mondiaux au Rwanda. Ça n'a pas abouti, mais les coups de pédale des stars comme Pogacar ne doivent pas éclipser cette situation.
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