La menace des Houthis se renforce après un tir de missile sur l'aéroport de Tel-Aviv

Le groupe yéménite a revendiqué la frappe qui a visé dimanche le principal aéroport israélien, et qui a échappé aux systèmes de défense pour s'écraser tout près du site. Israël a promis une riposte contre une organisation dont l'influence grandit dans la région.

Article rédigé par Nicolas Teillard
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Cratère laissé par une frappe de missile dans l'enceinte de l'aéroport de Tel-Aviv, le 4 mai 2025. (Jack GUEZ / AFP)
Cratère laissé par une frappe de missile dans l'enceinte de l'aéroport de Tel-Aviv, le 4 mai 2025. (Jack GUEZ / AFP)

Un cratère de plusieurs mètres a été creusé dimanche 4 mai par un missile, juste à côté d'une bretelle d'accès au terminal de l'aéroport Ben Gourion de Tel-Aviv. C'est le principal stigmate d'une attaque inédite visant le principal aéroport israélien, accompagnée d'une forte détonation. "C'est la première fois" qu'un missile frappe l'intérieur du périmètre de l'aéroport, reconnaît un porte-parole de l'armée israélienne, alors qu'une enquête évoque "un problème technique" pour expliquer l'échec de l'interception du tir, revendiqué par les Houthis du Yemen.

Par précaution, plusieurs compagnies aériennes, comme la Lufthansa ou British Airways, ont suspendu leurs liaisons vers Israël jusqu'en milieu de semaine. Benjamin Netanyahou, qui venait de lancer le rappel de "dizaines de milliers de réservistes" pour étendre ses opérations dans la bande de Gaza, a promis une riposte, et le Premier ministre israélien a surtout menacé l'Iran, qui se cache selon lui derrière cette attaque, alors que Téhéran nie toute implication lundi matin.

Reprise de flambeau après un Hamas et un Hezbollah considérablement affaiblis

Cette attaque confirme la menace grandissante incarnée par les Houthis, dont l'influence prend de l'ampleur dans la région. Alors que le Hamas et le Hezbollah sont aujourd'hui considérablement affaiblis, le groupe yéménite a repris le flambeau de la lutte armée contre Israël. En opérant à distance, il s'est emparé de la cause palestinienne pour galvaniser ses partisans. Comme la milice libanaise, les Houthis, qui se proclament "Ansar Allah" (les partisans de Dieu) font partie de ce qu'on appelle "l'axe de la résistance" formé par les organisations soutenues par l'Iran.

Mais ce serait une erreur de penser qu'ils ne sont qu'un proxy de Téhéran, aux ordres des mollahs, et sans liberté d’action. Après une insurrection armée contre le pouvoir, les Houthis maîtrisent une partie du Yémen, contrôlent notamment la capitale Sanaa. Et l'organisation, qui exerce le pouvoir sur environ 20 millions d'habitants, est dotée d'une importante autonomie, renforcée par des années de résistance à la coalition menée par l'Arabie saoudite.

Un arsenal militaire renforcé au fil des mois

Le mouvement a surtout su se bâtir un arsenal militaire, qui lui permet de multiplier les tirs de drones ou de missiles contre Israël, et d'étendre son combat à la mer Rouge. Le passage très fréquenté du commerce maritime mondial et désormais constamment menacé par des attaques contre les cargos, et les bâtiments militaires occidentaux. Selon les derniers chiffres communiqués par Washington, les Houthis ont mené 145 attaques sur le trafic commercial depuis 18 mois, et ciblé plus de 170 fois des navires de l'US Navy. Ils se sont même attaqués même à un porte-avions américain en mars dernier.

En conséquence, le nombre de navires traversant la zone a chuté de plus de 50%, et une opération militaire européenne, baptisée Aspides, a été prolongée jusqu'en 2026 pour contrer ces attaques. Symbole de cette menace, le Galaxy Leader, un cargo capturé fin 2023, et qui aurait appartenu à un homme d'affaires israélien, a été transformé en attraction touristique au large de la ville côtière d'Hodeida. Un trophée, posé à quelques centaines de mètres du littoral, où des combattants, kalachnikov en bandoulière, viennent se faire prendre en photo, et relaient ensuite les appels au combat sur les réseaux sociaux.

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