L'Irak une nouvelle fois victime d'une panne de courant généralisée en pleine canicule

La coupure d'électricité géante de lundi a été provoquée par des températures records et un pic de consommation. Plus de 20 ans après la chute de Saddam Hussein, le problème de l'alimentation électrique n'est toujours pas réglé.

Article rédigé par Christian Chesnot
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Un Irakien se tient sous un pylône électrique au sud de la ville de Hilla, le 10 août 2025. Les températures atteignaient 52° à l'ombre (photo d'illustration). (AHMAD AL-RUBAYE / AFP)
Un Irakien se tient sous un pylône électrique au sud de la ville de Hilla, le 10 août 2025. Les températures atteignaient 52° à l'ombre (photo d'illustration). (AHMAD AL-RUBAYE / AFP)

C'est un cauchemar qui revient presque tous les étés pour les Irakiens, au moment où la température dépasse les 50 degrés. Cette année, deux lignes de transmission ont sauté lundi 11 août sous l'effet d'une chaleur record et d'une forte augmentation de la consommation, notamment dans la province de Kerbala où des millions de pèlerins affluent en ce moment pour une fête religieuse.

L'incident a provoqué une perte "soudaine" de 6 000 mégawatts sur le réseau, selon le ministère de l'Électricité, entraînant cette panne totale et l'arrêt des centrales électriques. Or, pour éviter les coupures, l'Irak doit produire 55 000 mégawatts durant les pics de consommation, et ce mois-ci, les centrales n'ont pas dépassé le seuil de 28 000 mégawatts. Mardi, le courant a progressivement été rétabli, mais cette panne géante révèle une nouvelle fois la faillite du secteur énergétique du pays.

Faute d'une alimentation stable et régulière de l'électricité d'État, les Irakiens utilisent des générateurs à fuel, soit individuels, soient collectifs. Mais parfois, ça ne suffit pas pour faire fonctionner les appareils électroménagers et les systèmes de climatisation, indispensables pendant la période chaude qui dure de longs mois. C'est un dossier ultra-sensible qui provoque régulièrement des manifestations et exacerbe la frustration de la population vis-à-vis de la classe politique. Les gens ne comprennent pas que l'Irak, qui dispose d'immenses réserves de pétrole et de gaz, n'arrive toujours pas à produire suffisamment de courant pour alimenter les foyers.

La corruption, première responsable du fiasco

Le premier responsable de ce fiasco énergétique, c'est la corruption, qu'on peut qualifier en Irak d'endémique, d'industrielle. Depuis le renversement de Saddam Hussein en 2003, des centaines de milliards de dollars sont partis dans les poches de partis politiques, de milices, de haut fonctionnaires ou d'hommes d'affaires véreux. Les infrastructures électrique sont mal entretenues, parfois en déliquescence, les réseaux de distribution sont vétustes, les investissements aléatoires, sans parler de l'incurie administrative. Et la situation n'est pas prête de s'améliorer, notamment avec le réchauffement climatique.

Alors, face à ce défi crucial pour le pays, les autorités irakiennes accélèrent l'interconnexion avec les réseaux électriques des pays voisins comme la Turquie, la Jordanie et l'Arabie saoudite. Elles poussent aussi au développement d'énergies renouvelables comme le solaire. Mais tout cela prend du temps. Et chaque été, comme une malédiction, les Irakiens souffrent des pénuries de courant.

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