Guerre en Ukraine : Donald Trump met à nouveau la pression sur Volodymyr Zelensky

Des missiles ont été tirés sur Kiev dans la nuit. Au moins neuf personnes ont été tuées et 63 blessées, selon les autorités ukrainiennes. Toujours pas de cessez-le-feu donc et le président américain accuse son homologue ukrainien de bloquer les négociations.

Article rédigé par Frédéric Says
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Donald Trump (à gauche), le président américain et Volodymyr Zelensky, le président ukrainien, lors d'une rencontre à la Maison Blanche, à Washington, le 28 février 2025. (JIM LOSCALZO - POLL VIA CNP / MAXPPP)
Donald Trump (à gauche), le président américain et Volodymyr Zelensky, le président ukrainien, lors d'une rencontre à la Maison Blanche, à Washington, le 28 février 2025. (JIM LOSCALZO - POLL VIA CNP / MAXPPP)

C'est une lourde charge qu'a portée mercredi 23 avril au soir le président américain sur les réseaux sociaux. Il fustige une nouvelle fois Volodymyr Zelensky, accusé d'être trop intransigeant, de bloquer les discussions. À cause de cette intransigeance, "la guerre va durer encore des années", prévient-il. Avant d'ajouter : "Zelensky va finir par perdre le pays entier".

Ce long post en ligne signé Donald Trump, c'est un peu la version écrite de l'altercation avec le président ukrainien dans le bureau ovale. Il réutilise d'ailleurs la même expression : "Zelensky n'a pas les cartes en main". Le président américain reproche notamment à son homologue ukrainien ses "déclarations incendiaires". Il fait allusion à la une du Wall Street journal de mardi, quotidien américain, où Volodymyr Zelensky répète qu'il ne cédera pas sur la question de la Crimée, cette péninsule, envahie puis annexée par la Russie en 2014, il y a onze ans.

Évidemment cette annexion n'a jamais été reconnue par Kiev, qui estime que le territoire doit lui être rendu par les Russes. Sauf que pour Washington, la Crimée fait partie des éléments de négociations, de compromis. Par exemple : les Russes arrêtent la guerre, et en échange, les États-Unis reconnaissent leur souveraineté sur la Crimée. Selon le Financial Times, c'est aussi ce que propose Moscou, qui exige également la garantie que l'Ukraine ne rentrera jamais dans l'Otan.

Pour Washington, c'est une "guerre" pas une invasion

Comment comprendre la stratégie des Américains, qui semblent désormais plus proches des positions de Moscou que de celles de Kiev ? Donald Trump voit arriver une date symbolique : celle de ses 100 jours à la Maison Blanche. Ce sera dans moins d'une semaine, le 30 avril. Et il sait que ce jour-là, tous les médias dresseront un premier bilan de ce deuxième mandat. Bilan qui, à ce stade, porte la marque de l'échec sur la guerre en Ukraine que Donald Trump promettait de régler en 24 heures. Mais pour comprendre plus en profondeur, il faut écouter le négociateur en chef nommé par Donald Trump. Il s'appelle Steve Witkoff, c'est son ancien avocat, homme de confiance.

Dans une interview récente, Steve Witkoff livre la vision trumpienne de cette guerre "russo-ukrainienne", comme il l'appelle. Les mots sont importants, non pas invasion russe, mais guerre russo-ukrainienne, sous-entendu, c'est un conflit de voisinage dans lequel les torts sont partagés. Dans cet entretien, Steve Witkoff estime que les régions conquises par la Russie depuis trois ans, comme le Donbass, sont des régions russophones, et qu'il n'est donc pas illégitime que Moscou veuille se les approprier. Voilà donc la matrice de réflexion dans laquelle Zelensky, le président ukrainien, est vu au mieux comme un mauvais coucheur qu'il faut raisonner, au pire comme un obstacle qu'il faut éliminer.

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