Guerre en Ukraine : accord en vue sur les minerais entre Kiev et Washington

Point central des négociations en cours pour une paix en Ukraine, l'accord permettant aux États-Unis d'avoir accès aux ressources du sous-sol ukrainien pourrait être entériné en fin de semaine. Washington en faisait une condition au maintien d'une aide financière et militaire.

Article rédigé par Nicolas Teillard
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Donald Trump, le président américain, et Volodymyr Zelensky, le président ukrainien, en février 2025. (ALEX WROBLEWSKI,TETIANA DZHAFAROVA / AFP)
Donald Trump, le président américain, et Volodymyr Zelensky, le président ukrainien, en février 2025. (ALEX WROBLEWSKI,TETIANA DZHAFAROVA / AFP)

C'est l'objet d'intenses tractations depuis plusieurs semaines, et la source de tensions majeures entre Volodymyr Zelensky et Donald Trump ces derniers jours. Un accord sur les minerais ukrainiens est en passe d'être conclu entre Kiev et Washington. Cité par l'Agence France Presse, un responsable ukrainien évoque une possible signature dès le vendredi 28 février à la Maison Blanche, où Volodymyr Zelensky pourrait parapher le document avec le président américain.

Un accord qui permettrait aux États-Unis d'avoir accès aux ressources présentes dans le sous-sol du pays qu'il soutient financièrement et militairement depuis trois ans, ce que Donald Trump considère comme une manière de "rembourser" les aides fournies par les États-Unis. Sauf que Washington proposait dernièrement des conditions inacceptables pour Kiev, en fixant notamment à 500 milliards de dollars le montant à céder à travers l'exploitation de ces minerais. "L'Ukraine n'est pas à vendre" avait réagi le président Volodymyr Zelensky, s'attirant les foudres de son homologue, qui a depuis multiplié les attaques virulentes contre lui, le qualifiant notamment de "dictateur".

Des minerais sur lesquels la Chine a pris de l'avance

Est-ce que l'Ukraine a cédé sous la pression ? Est-ce que Washington a revu ses exigences à la baisse ? Difficile de répondre en attendant de connaître précisément les termes de l'accord, même si un responsable ukrainien assure que "les clauses défavorables à Kiev ont été retirées" du texte. Le montant astronomique exigé par la Maison Blanche semble avoir disparu, alors que les discussions bloquaient aussi ces derniers jours sur les garanties de sécurité offertes en contrepartie par les États-Unis. Donald Trump n'en a pas fait mention, et rien ne garantit qu'il a donné des gages au président ukrainien, dont il assure qu'il "aimerait" signer l'accord.

La vérité, c'est que l'Ukraine n'a pas vraiment le choix, et que Washington lui tord le bras, exerçant une forme de chantage sur une question hautement stratégique. Indispensables aux secteurs de pointe comme le militaire, la technologie ou le spatial, les minerais dont dispose l'Ukraine font l'objet d'une guerre sans merci entre les grandes puissances, où la Chine a d'ailleurs pris de l'avance. Ça explique l'obsession de Donald Trump pour cet accord ou son intérêt appuyé pour le Groenland. L'Europe n'est pas en reste, le commissaire à la stratégie industrielle, Stéphane Séjourné expliquant en début de semaine qu'un accord "mutuellement bénéfique" était en discussion avec l'Ukraine, qui "dispose de 21 des 30 matériaux critiques dont l'Europe a besoin". Du lithium, du titane ou du graphite, dont l'exploitation est encore marginale, et qui se trouve parfois dans des territoires aujourd'hui occupés par la Russie. Des ressources qui suscitent la convoitise, et dont Kiev n'a d'autre choix que de faire une monnaie d'échange.

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