Et si l'État de Palestine devenait réalité, qui pour le diriger ?

La France et 14 autres pays occidentaux appellent à reconnaître l'État de Palestine en septembre devant l'Assemblée générale des Nations unies. Et un nom est de plus en plus cité pour en prendre la présidence : celui de Marwan Barghouti, un ancien cadre du Fatah, emprisonné en Israël.

Article rédigé par Claude Guibal
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Marwan Barghouti, 65 ans, est un symbole pour la quasi-totalité des Palestiniens.
Son portrait avec ses mains menottées levées en signe de victoire se voit partout, sur les murs des territoires occupés ou en manifestation comme ici, en 2022 à Ramallah. (ABBAS MOMANI / AFP)
Marwan Barghouti, 65 ans, est un symbole pour la quasi-totalité des Palestiniens. Son portrait avec ses mains menottées levées en signe de victoire se voit partout, sur les murs des territoires occupés ou en manifestation comme ici, en 2022 à Ramallah. (ABBAS MOMANI / AFP)

Si l'État de Palestine venait à être reconnu, le Hamas ne pourrait pas en prendre la gouvernance. Même les pays arabes qui soutiennent la démarche de la France ont exclu cette possibilité, eux qui ont demandé au Hamas de se désarmer et de céder le pouvoir à l'Autorité palestinienne, dirigée par Mahmoud Abbas. 

Le problème est que Mahmoud Abbas n’a lui aucune crédibilité pour négocier et porter un tel projet politique. Il est affaibli, impopulaire, au pouvoir depuis 16 ans sans élection. Les Palestinien ne lui feraient pas confiance. Et dans ce vide politique, un nom revient de plus en plus souvent : celui de Marwan Barghouti, emprisonné depuis 20 ans en Israël. Une tribune publiée dans le journal Le Monde et signée par un collectif d’intellectuels du monde entier, dont le prix Nobel de littérature sud-africain John Coetzee, réclame sa libération "essentielle", écrivent-ils, pour avancer vers la paix et une solution à deux États.

Marwan Barghouti, le "Nelson Mandela" des Palestiniens

Pourquoi ? Parce que Marwan Barghouti, 65 ans, est un symbole pour la quasi-totalité des Palestiniens. Son portrait avec ses mains menottées levées en signe de victoire se voit partout, sur les murs des territoires occupés. Condamné à perpétuité pour son rôle dans la seconde Intifada, cet ancien cadre du Fatah s’est aussi opposé à Mahmoud Abbas et Yasser Arafat, en dénonçant la corruption de l’Autorité palestinienne. Il a aussi combattu le Hamas et appelle à une résistance politique et structurée. Selon les sondages, en cas d’élections,  il serait le seul à pouvoir battre Mahmoud Abbas et le Hamas dans les urnes. Légitimité historique, crédibilité populaire et capable de compromis politique, les Palestiniens le comparent souvent à  Nelson Mandela.

Difficile toutefois d'imaginer que Benyamin Netanyahou le libère car le Premier ministre israélien sait que c'est prendre le risque de faire émerger un interlocuteur populaire et légitime, capable de poser de vraies conditions politiques à Israël. Israël fait donc tout pour le garder en prison, préférant même, lors de l’échange du soldat Gilad Shalit en 2011, libérer Yahya Sinouar, le chef du Hamas, plutôt que Barghouti qui représente une alternative crédible, lui dont le nom a déjà circulé à Washington et à Bruxelles comme celui d’un possible futur président palestinien.

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