Donald Trump à l'ONU, un escalator très politique

Tous les yeux étaient rivés vers l’Assemblée générale des Nations Unies. Une image, de prime abord anecdotique, résume à la fois la crise du multilatéralisme que traversent les nations unies et la méthode Trump. Tous les ans, fin septembre, New York devient le cœur de la géopolitique mondiale, avec à chaque fois, au-delà de ce qui se passe à la tribune, des images qui font le buzz.

Cette année, une séquence a marqué les esprits : celle où l'on voit Emmanuel Macron négocier avec des policiers new-yorkais, en pleine rue, puis carrément appeler Donald Trump pour lui dire qu’il est bloqué, par son convoi. Aussi cette photo improbable entre un général américain et le nouveau président syrien, ancien d’Al-Qaïda emprisonné en Irak, lorsque les forces américaines étaient commandées par ce même général. Mais une autre image a retenu mon attention : on y voit le président des États-Unis et son épouse au pied d’un escalator, dans l’enceinte des Nations unies.

Rhétorique sans surprise contre l'ONU

Mais cet escalator tombe en panne alors que Donald et Melania Trump s’engagent sur les premières marches. Après un petit flottement, le couple finit par monter à pied, une image anodine, sans sens politique évident. Et pourtant, l'affaire va prendre un tour géopolitique. Quelques instants plus tard, Donald Trump apparaît à la tribune des Nations unies, impossible de faire plus solennel.

"Tout ce que j’ai obtenu des Nations unies, c’est un escalator qui, en montant, s’est arrêté en plein milieu et puis un téléprompteur qui n’a pas fonctionné", dit-il. Quiconque est en charge du téléprompteur va avoir de gros problèmes, mais Donald Trump ne va pas s’arrêter là. Fidèle a cette rhétorique qu’on commence à bien connaître, le président des États-Unis va finir par rebondir sur cette histoire en apparence anodine pour envoyer un message à la communauté internationale. Aucune surprise.

Le responsable est... un membre de l'équipe du président

Lors de sa première prise de parole à l’Assemblée générale de l’ONU en 2017, Trump avait glorifié le "America First" et vanté la souveraineté nationale, aux antipodes des principes onusiens du multilatéralisme. Mardi, comme attendu, le président américain s’en est pris, en s’appuyant entre autres sur cette histoire d’escalator, à une ONU inutile, dysfonctionnelle, paralysée, délabrée, décrédibilisée.

Sauf qu'assez vite, il est apparu que c’est un membre de l’équipe du président américain qui aurait malencontreusement déclenché l’arrêt de l’escalator. Et que c’est la maison blanche qui est en charge du fameux téléprompteur. Tel est pris qui croyait prendre. Même si la Maison Blanche essaie depuis de faire monter l’affaire, agitant le spectre de l’acte intentionnel, d’une panne qui interroge. Une énième preuve que pour Donald Trump, tout est matière à politique... même un escalator.