Détention d'un ressortissant français : comme l'Iran, le Venezuela semble adopter la diplomatie des otages

La rétention de Camillo Castro sans motif ni respect de ses droits consulaires illustre la politique vénézuélienne des otages, utilisée comme levier politique interne et international depuis la réélection contestée de Nicolas Maduro.

Article rédigé par Etienne Monin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Camilo Castro a disparu il y a presque deux mois, après avoir passé la frontière vénézuélienne depuis la Colombie pour faire renouveler un visa. (CAPTURE D'ECRAN AMNESTY INTERNATIONAL)
Camilo Castro a disparu il y a presque deux mois, après avoir passé la frontière vénézuélienne depuis la Colombie pour faire renouveler un visa. (CAPTURE D'ECRAN AMNESTY INTERNATIONAL)

Un ressortissant français est détenu depuis près de deux mois au Venezuela "sans motif et sans que ses droits consulaires soient respectés", a alerté mercredi 20 août sa famille. Camilo Castro aura 41 ans la semaine prochaine. Il a disparu il y a presque deux mois, après avoir passé la frontière vénézuélienne depuis la Colombie pour faire renouveler un visa. Il est détenu dans une aile spécialement aménagée pour les étrangers, dans la prison d’El Rodéo, en grande banlieue de Caracas. Il vit avec un autre prisonnier dans une cellule de deux mètres sur trois. Il a droit à des soins médicaux. Sa famille pense qu’il est correctement nourri.

Sa détention est extrajudiciaire. Les autorités consulaires françaises n’ont pas reçu d’explication. Aucun motif de poursuite n’a été communiqué à la famille. Il est dans un trou noir, pris en otage, estime son beau-père Yves Gilbert. La famille a eu des informations grâce à la libération d’autres étrangers arrêtés sans justification. Il y a un mois, les États-Unis ont échangé 252 prisonniers vénézuéliens contre 10 otages américains, parmi lesquels un Franco-Américain. 

D’après l’ONG vénézuélienne Foro Penal, il y aurait des dizaines de détenus étrangers, d’une trentaine de nationalités, dans les prisons vénézuéliennes. Deux Français ont été libérés assez récemment. C’est devenu une politique institutionnelle. Le Venezuela s’inspire du modèle iranien. Amnesty International soupçonne le pouvoir de s’en servir comme monnaie d’échange. Depuis février 2025, le Quai d’Orsay déconseille l’entrée au Venezuela.

Une forme de représailles

Le point de départ de cette méthode utilisée par le Venezuela reste la réélection contestée de Nicolas Maduro, il y a un an. Le pouvoir a très violemment réprimé l’opposition qui était descendue dans la rue. Il s’en est pris aussi aux pays qui ont soutenu les prisonniers politiques, parmi lesquels la France, qui a dû réduire sensiblement ses effectifs dans son ambassade à Caracas en janvier.

Les États-Unis ont aussi fait monter la tension. Ils ont lancé une chasse à l’homme en offrant une prime de 50 millions de dollars pour l’arrestation de Nicolas Maduro. Et, selon la presse américaine, Donald Trump aurait signé une directive qui autorise l’usage de l’armée pour s’attaquer aux narcotrafiquants, parmi lesquels un cartel vénézuélien dirigé, pour les Américains, par Maduro en personne. Dans ce climat, la politique des otages permet d’alimenter le mythe de la forteresse assiégée, levier utile lorsque la pression de l’opposition est forte également à l’intérieur.

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