Désarmement du Hezbollah : le ton monte avec le gouvernement, les Libanais s'inquiètent

Le Hezbollah se dit "prêt à livrer bataille" pour s'opposer à son désarmement. Ce bras de fer avec le gouvernement fait craindre aux Libanais une nouvelle escalade et des affrontements avec l'armée libanaise pour le contrôle de ces armes.

Article rédigé par franceinfo - Arthur Sarradin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Un partisan du Hezbollah brandit une affichette dont le slogan est "Nous ne renoncerons pas à nos armes", le 6 juillet 2025 à Beyrouth (Liban) (ANWAR AMRO / AFP)
Un partisan du Hezbollah brandit une affichette dont le slogan est "Nous ne renoncerons pas à nos armes", le 6 juillet 2025 à Beyrouth (Liban) (ANWAR AMRO / AFP)

C'est une situation inédite pour le Liban. Au tout début du mois d'août, un Conseil des ministres a pris la décision de désarmer le Hezbollah avant la fin de l'année. Cette décision est historique, parce que depuis des années le Hezbollah, parmi tous les partis-milices qui composent le Liban, est la formation qui possède le plus grand arsenal militaire… plus encore que l'armée libanaise elle-même. C'est parce qu'elle disposait de ces armes que l'organisation a pu mener seule la guerre contre Israël, après le 7 octobre 2023, une guerre qui s'est soldée par la déstabilisation totale du Hezbollah. L'organisation a perdu des milliers d'hommes, et le sud du Liban est aujourd'hui partiellement rasé par l'armée israélienne, occupé à plusieurs endroits de la frontière. Encore aujourd'hui, ces zones civiles sont régulièrement bombardées.

L'armée israélienne, elle, dit qu'elle n'arrêtera pas tant que le Hezbollah ne sera pas désarmé. Du côté des autorités libanaises, les arguments sont assez clairs : "Il est évident que ces armes n'empêchent pas une agression israélienne, disait il y a quelques jours  le ministre de la justice, Adel Nassar. Ces armes ne peuvent assurer un quelconque équilibre de la terreur. Elles sont plus une source de malédiction que de solution. Le fait de donner à l'Etat le monopole de la contrainte est une nécessité !"

Le spectre de la guerre civile

Le Hezbollah, de son côté, refuse ce désarmement. Pour lui, il faut d'abord des garanties que l'armée israélienne partira des zones occupées. Jusqu'à présent, le Hezbollah dans le sud du pays avait collaboré avec l'armée. 95% de ses armes près de la frontière avait été démantelées. Mais pour ce qui est de son arsenal au complet, le Hezbollah hausse le ton. Son chef a même annoncé jeudi 14 août que "si l'affrontement nous est imposé, nous y sommes prêts." Cette phrase inquiète la plupart des Libanais. L'idée d'un conflit interne au Liban ravive évidemment les vieux traumatismes de la guerre civile.

Difficile aussi pour les civils de savoir quelle serait la nouvelle feuille de route des autorités libanaises pour ensuite stabiliser la situation à la frontière : permettre la reconstruction, le retour de plusieurs dizaines de milliers d'habitants qui sont encore déplacés des villages rasés par Israël ? Et surtout, comment maintenir le cessez-le-feu, qui a déjà été violé plus de 5 000 fois par Tel-Aviv depuis sa mise en place en novembre dernier ? Pour l'Etat libanais, c'est donc un chantier à la fois titanesque, mais aussi extrêmement périlleux. 

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