Après la chute de Bachar al-Assad, le double discours des autorités turques sur les Kurdes
La Turquie envoie en ce moment des signaux contradictoires vis-à-vis des Kurdes. Ils représentent, dans la stratégie du président Erdogan, une carte maîtresse sur la scène intérieure mais aussi à l’étranger.
En octobre dernier, à la surprise générale, l’allié ultranationaliste du président, le patron du MHP Devlet Bahçeli, tend la main aux Kurdes puis annonce que, si le chef de la guérilla, le fondateur du PKK Abdullah Öcalan, lance un appel à déposer les armes, il pourra être libéré. Öcalan a été condamné à la prison à perpétuité. Il est détenu depuis 25 ans et Bahçeli l'a, jusqu'ici, toujours qualifié de terroriste et a même souhaité pour lui le rétablissement de la peine de mort. Les commentateurs sont donc médusés, personne ne comprend si l’initiative est vraiment sérieuse. Mais le président Erdogan ne tarde pas à multiplier les allusions à une paix souhaitable avec les Kurdes et à l’unité entre les peuples.
Tout va ensuite très vite : Öcalan, qui est à l’isolement, reçoit pour la première fois depuis dix ans une visite dans sa prison et se dit prêt à contribuer à la paix. Les dirigeants kurdes sont aussi autorisés à s’entretenir à deux reprises avec leur ancien leader charismatique, Selahattin Demirtas, lui aussi derrière les barreaux. Et chacun y va de déclarations modérément optimistes sur les chances de mettre un terme au conflit fratricide qui mine le pays depuis des décennies.
La double stratégie du président turc
Mais dans le même temps, des maires kurdes sont destitués et remplacés par des administrateurs, des journalistes kurdes sont arrêtés. Et sur le théâtre extérieur, la guerre contre les Kurdes de Syrie continue, ceux-là mêmes qui, à Kobane par exemple, ont vaincu l’État islamique, et que les Kurdes turcs regardent de l’autre côté de la frontière comme des frères. L'armée turque, par l’intermédiaire de ses milices mais aussi avec ses drones, multiplie les frappes et les offensives contre les bastions kurdes du nord-est de la Syrie.
Erdoğan cherche-t-il la guerre ou la paix avec les Kurdes ? En fait, le président turc a vu dans l’effondrement du régime de Bachar al-Assad l’opportunité de régler la question kurde. Ce qui explique cette double stratégie. Il a juré d’empêcher tout maintien d’une autonomie kurde en Syrie. Il vient en cela de recevoir l’appui des nouvelles autorités syriennes. Elles entendent fondre les Kurdes dans la future armée nationale, et rogner la large autonomie dont ils disposent dans ce qu’ils appellent le Rojava. Les Kurdes syriens redoutent d’être une fois de plus les victimes d’un grand jeu régional et les oubliés de leurs alliés, américains notamment, quand ceux de Turquie regardent avec intérêt mais appréhension ce revirement politique qui n’est pas dénué d’arrière-pensées électoralistes. Leur avenir aux uns comme aux autres pourrait se jouer dans les prochaines semaines.
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