L'Ethiopie, nouvel eldorado de la chaussure chinoise
Il y a un an, l'immeuble du Rana Plaza s'effondrait au Bangladesh, tuant 1.135 ouvriers et ouvrières du textile. Ce drame a ouvert un débat sur les conditions de fabrication de nos vêtements, et sur les délocalisations. De nombreux pays, en particulier en Asie et en Afrique, font tout pour attirer les fabricants. Les usines chinoises y délocalisent car les conditions sont plus favorables que dans leur pays. C'est le cas d'un grand fabriquant de chaussures, sur le point de créer une véritable cité en Ethiopie.
"Ici c'est le département coupe. Dès que le cuir arrive, on découpe les patrons ", raconte Rainy, une ouvrière parmi les 3000 employés de Huajian, une usine
chinoise installée à 40 kilomètres d'Addis Abeba. Chaque jour, ce sont
6.000 paires de chaussures
qui sortent des deux hangars métalliques. Des marques bien connues.
Guess, Toms, Naturalizer etc. Elles sont ensuite exportées vers les Etats-Unis et l'Europe.
Salaire de 450 dollars en Chine, 50 en Ethiopie
Les 150 managers chinois veillent à la productivité des ouvriers éthiopiens. Et les
employés justement, c'est la raison numéro un qui a poussé Huajian à venir
s'implanter dans ce pays de la Corne de l'Afrique. Pour Wei Yon Quan,
l'un des managers,
l'équation est rapide à calculer : "En
Chine, on devrait payer un ouvrier entre 450 et 500 dollars par mois.
Ici c'est 50 dollars. Mais il y a un problème d'absentéisme en Éthiopie.
Chez nous,
on aurait besoin de 40 ouvriers sur une ligne production. Ici, il en
faut 45" .
"Concentration et efficacité sont la clé"
Chez
Huajian, on n'a qu'un seul mot en bouche : accélérer la productivité.
L'entreprise a sa propre recette : faire appliquer aux Éthiopiens un
travail à la chinoise.
Dans les hangars, des banderoles rouges appellent à la rigueur : "Soyez
forts", "Concentration et efficacité sont la clé".
Et
bien sûr, la grand messe du lundi matin, une fois par mois : défilé,
parade, hymne de l'entreprise... Ce matin-là, l'usine se transforme en
véritable camp militaire.
Des terres données aux usines
Le géant du cuir y gagne à s'installer en Ethiopie. Le pays se serre la ceinture pour attirer les industriels.
Les
zones économiques spéciales poussent comme des champignons. Des
hectares de terres presque données aux usines. Où l'eau et l'électricité
ne valent rien. Des
exonérations de taxes jusqu'à huit ans. L'importation de machines
exemptée des droits de douane. Sans compter que l'Ethiopie possède la
matière première : plus grand cheptel d'Afrique, avec 72 millions de têtes de bétail, le pays
vend son cuir à foison.
Coupures de courant
L'opération séduction fonctionne. Mais tout n'est pas rose, soupire Wei Yon Quan : "L'électricité
est un vrai problème ici. Le pire, c'est pendant la saison des pluies.
Nous avons des coupures de courant 15% du temps. 5% en
saison sèche !"
Sans
parler des problèmes de fret. La route qui relie Addis Abeba au port de
Djibouti n'est qu'une deux-voies trouée de nids de poules. Des
problèmes, certes. Mais
pas suffisants pour freiner l'expansion du géant. D'ici cinq à dix ans, Huajian devrait employer 100.000 personnes.
Dortoir, centre commercial, école
"Notre
patron veut construire sa propre zone industrielle. Il a prévu de
construire un atelier, des dortoirs, un centre commercial. Il veut même
bâtir
une école ! ", raconte l'ouvrière Rainy.
Devenue célèbre, l'usine Huajian est baptisée "la Ville de la chaussure"
par les Ethiopiens. D'ici
quelques
années, ce ne sera plus qu'un simple surnom, mais une réalité.
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