Cinéma week-end. "Le Client", perle iranienne d'Asghar Farhadi
Une semaine très contrastée dans les salles, Asghar Farhadi revient en beauté, Benjamin Dickinson ose le monde parfait du numérique alors que Radu Mihaileanu et Wim Wenders échouent lourdement.
/2023/07/07/64a7df4c5fe71_placeholder-36b69ec8.png)
/2024/03/04/thierry-fiorile-65e605d65a5a5175798771.png)
/2016/11/11/php7b71WB_1.jpg)
Arrivé au dernier moment dans la compétition du dernier festival de Cannes
Le cinéaste iranien en est reparti avec deux prix : celui du meilleur interprète masculin pour Shahab Hosseini et celui du scénario. Le Client d'Asghar Farhadi confirme s'il en était besoin, l'immense talent du réalisateur, cinq ans après Une séparation.
Dans un pays où la censure peut violemment s'abattre sur un cinéma très créatif, Asghar Farhadi a fait de cette menace une arme : l'ambiguïté, le dilemme sont au cœur de son œuvre, et il parvient à dire énormément de choses sur l'Iran actuel. Les gardiens de la morale, à l'évidence, ne savent pas lire entre les lignes. Dans Le Client, un jeune couple cultivé - ils font du théâtre - déménage après un tremblement de terre qui rend leur logement inhabitable, et déjà, ce séisme annonce d'autres secousses.
C'est un homme qui est persuadé de faire le bien
Dans leur nouvel appartement, la femme est agressée en sortant de la douche, on ne sait pas si elle a été violée, on apprend que l'ancienne locataire était une prostituée et le coupable un client, un vieil homme assez pitoyable. Ivre de rage, le mari bascule dans une vengeance qui le dépasse. Asghar Farhadi réussit un thriller sociétal dénué de manichéisme.
Quand Google a sorti ses lunettes connectées
Ce jour-là, la première réaction de Benjamin Dickinson a été d'en rire. Puis il a imaginé et écrit un scénario dans lequel il joue lui-même un jeune geek, travaillant à New York dans une agence de pub chargée de lancer des lunettes révolutionnaires.
Satisfaire les désirs ne rend pas heureux
Creative Control, une vie en partie virtuelle...
Creative Control c'est, pas toujours en finesse mais avec beaucoup de talent, une projection dans un futur proche où les géants du numérique nous vendront une vie en partie virtuelle. Le personnage principal accumule les addictions : alcool, drogue, sexe, s'ennuie avec sa fiancée, qui va virer new age et quand il met ces lunettes, fantasme sur la compagne de son meilleur ami. En noir et blanc, avec humour et musique classique, Benjamin Dickinson interroge l'avenir.
...et deux flops
Enfin cette semaine, parmi 18 nouveaux films, deux échecs retentissants, deux adaptations complétement ratées. La première, ce n'est pas une vraie surprise, est de Radu Mihaileanu qui a cru bon de porter à l'écran le roman de Nicole Krauss, L'Histoire de l'Amour, récit épique d'une passion débutée dans une communauté juive d'Europe centrale avant-guerre, et qui ne trouvera pas son accomplissement à New York après la Libération. Le film est terriblement confus, prétentieux et boursouflé.
Avec Les Beaux Jours d'Aranjuez, c'est la tristesse qui domine, car on se demande quand Wim Wenders, qu'on a tant aimé, nous reviendra-t-il. Adapter au cinéma la pièce, déjà casse-gueule au théâtre, de Peter Handke relevait de la gageure. Le résultat est désespérant : un interminable dialogue entre Reda Kateb et Sophie Semin sur les expériences amoureuses du personnage féminin de ce duo, dans un jardin d'été où la 3D est aussi convaincante que le chien égaré dans les scènes. L'apparition finale de Nick Cave au piano est une libération, mais qui ne fait pas oublier cette douloureuse expérience.
À regarder
-
Prostituée de force : le récit glaçant d'une adolescente
-
Le cinéaste iranien Jafar Panahi obtient la Palme d'or : "Arrivons à ce moment où personne n'ose nous dire ce qu'il faut porter, dire ou faire..."
-
"L'Hymne à l'amour" en anglais en clôture du 78e Festival de Cannes
-
Cannes : "Maman, j'espère que tu es très fière..." À 23 ans, Nadia Melliti décroche le Prix d'interprétation féminine
-
L'actrice Cate Blanchett sur le dernier tapis rouge de la 78e édition du Festival de Cannes
-
Pedro Pascal et Austin Butler racontent leurs souvenirs du Covid
-
Cédric Klapisch : "Je ressentais jusque-là une sorte d'amertume à ne pas être à Cannes"
-
Paul Mescal à Cannes : "La masculinité est une notion à géométrie variable et le cinéma est en train de la redéfinir..."
-
Cannes : l'acteur Paul Mescal sur le tapis rouge pour défendre le film "The History of sound"
-
🎬 Cannes : avec trois films à Cannes à seulement 23 ans, Paul Kircher est la star montante du cinéma français
-
Cannes : Scarlett Johansson sur le tapis rouge pour son premier film en tant que réalisatrice
-
Golshifteh Farahani sur le film "Alpha" : "Le sida était une maladie liée à l’amour"
-
Cannes : Isabelle Huppert dans un portrait libre de Liliane Bettencourt dans "La femme la plus riche du monde"
-
Festival de Cannes : Tahar Rahim a perdu "plus de 20 kilos" pour le film "Alpha"
-
SCH à Cannes : "Comme ceux de Marcel Pagnol, je serais heureux que mes textes soient étudiés à l'école"
-
Droits de douane : pour Wes Anderson, Donald Trump "veut prendre tout le pognon"
-
Tom Cruise : “Non, je ne défie pas la mort”
-
Lucky Love à Cannes : "La mode me permet de choisir mon identité et pourquoi on me regarde"
-
Laurent Laffite, voix de Marcel Pagnol : "Tant qu'un Parisien fait gagner l'OM, ça va"
-
Le rappeur SCH sur l'entrée du mot "gâté" dans le dictionnaire : "On y aura été pour quelque chose, ça fait plaisir !"
-
Hafsia Herzi : "Je savais qu'il y avait des gens homophobes mais pas à ce point"
-
Cannes : "Quand il n'y a plus de rires, il n'y a plus de vie..." Philippe Katerine nous révèle ses secrets du couple qui dure.
-
Cécile de France affronte une IA doublée par Mylène Farmer dans "Dalloway"
-
Pourquoi le Festival de Cannes a écarté un acteur du film "Dossier 137"
-
Festival de Cannes : le rugbyman Antoine Dupont tout sourire sur le tapis rouge
-
Cannes rend hommage à la photojournaliste palestinienne Fatma Hassona, tuée à Gaza.
-
"Mission : Impossible" : Pom Klementieff livre ses anecdotes de tournage avec Tom Cruise
-
Festival de Cannes : la musique de "Mission : Impossible" jouée sur le tapis rouge pour accueillir Tom Cruise
-
Juliette Armanet à Cannes : "J'ai 41 ans, je n'ai pas l'impression d'avoir réglé quoique ce soit dans ma vie."
-
Festival de Cannes : revivez l'hommage en chanson de Mylène Farmer à son ami David Lynch
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter