Volodymyr Zelensky (2/5) : le showman

Dès l’école primaire, Volodymyr Zelensky monte des spectacles. Une estrade fatiguée, des brosses à cheveux en guise de micros... Il n’a pas besoin de davantage pour faire rire les babouchkas du quartier.

 Pour qu'il ne traîne pas dans la rue, ses parents l'inscrivent à toutes les activités possibles : danse de salon, chant, musique, concours d’éloquence… Étudiant en fac de droit, il écrit des sketchs à l’humour gras dans lesquels on le voit bondir, frétiller, se contorsionner. Jamais en panne d’idées...

Sa mère, ingénieure, et son père, chef du département informatique de l'Université d'économie de "Kryvyi Rih", sont un peu contrariés. Mais leur fils unique travaille comme un forcené : dans son domaine, il veut être le meilleur.

Star du petit et du grand écran

Avec sa bande, "Kvartal 95", du nom de son quartier, il réussit à s’imposer dans l’émission russe la plus populaire du moment, KVN, suivie de Minsk à Vladivostok par des dizaines de millions de téléspectateurs. Il y présente des sketches aussi loufoques les uns que les autres. Sa voix nazillarde et sa silhouette agile sont sa marque de fabrique. Il est toujours le plus petit... mais souvent le plus drôle.

Et quand la parenthèse enchantée se referme, au début des années 2000, il rentre en Ukraine, des projets plein la tête. À 25 ans, il monte sa société de production, "Studio Kvartal 95", et crée les shows du samedi soir – qui resteront pendant des années le programme le plus regardé du pays. Avec un humour qui n’épargne pas les dirigeants politiques.

Infatigable, il fait aussi l’acteur. On a beaucoup parlé de sa série, Serviteur du peuple, mais il a aussi tourné, dirigé ou coproduit une dizaine de comédies romantiques.

Son idole ? Louis de Funès, qu'il a découvert au cinéma de son quartier lorsqu'il était enfant - et que les films américains étaient interdits de projection en république soviétique d'Ukraine.

Vainqueur de "Danse avec les stars" 2006

Enfin ce portrait ne serait pas complet s’il ne parlait pas de Zelensky le danseur. En 2006, il a 28 ans et participe au tout premier "Danse avec les stars". Et forcément... il gagne.

Ses talents d’artiste, Zelensky ne les a pas reniés quand il est entré en politique. Maniant l’ironie jusqu’à la tribune de l’ONU ou devant les participants du forum de Davos. Après plus de trois ans de guerre, la silhouette du saltimbanque s’est épaissie mais sa langue est restée acérée.

De l'humour en politique

Qu’il s’agisse de se mettre un public dans la poche ou de désamorcer les tensions, comme ce 28 février à la Maison Blanche, lors de la fameuse scène d’humiliation orchestrée par Donald Trump. Dans le bureau ovale, un journaliste lui demande pourquoi il ne porte pas de costume : "Je porterai un costume quand cette guerre sera terminée. Peut-être un comme le vôtre, peut-être mieux… Je ne sais pas… Ou moins cher".

Dans un contexte moins formel, deux ans plus tôt, face à un journaliste espagnol, il avait même osé : "Poutine est plus en danger que moi. Moi, il n’y a que les Russes qui veulent me tuer. Lui, c’est le monde entier qui veut le tuer !" 

Et quand on lui demande s’il est encore possible d’avoir de l’humour en temps de guerre, il répond du tac au tac : "Évidemment. Vous ne prenez quand même pas Poutine au sérieux ?! "

Ce podcast contient des archives sonores dont certaines sont tirées du documentaire Zelensky, d'Ariane Chemin, Yves Jeuland et Lisa Vapné, produit par Guilaine Chenu, coproduit par Arte France et Particules Docs (2025).