Benyamin Nétanyahou (4/4) : "Magicien" pour les uns, "bulldozer" pour les autres
Devenu, en 1996, le plus jeune Premier ministre d’Israël, Benyamin Nétanyahou est une figure centrale et controversée de la vie politique israélienne depuis trois décennies. Redoutable tacticien, il alterne volte-face diplomatiques et alliances pour rester au sommet du pouvoir.
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En 1996, Benyamin Nétanyahou est élu, pour la première fois, Premier ministre de l’État hébreu, avec seulement 30 000 voix d’avance. Il devient, au passage, le plus jeune chef de gouvernement de l’histoire du pays. Moins de dix ans se sont écoulés entre son entrée en politique et son élection à la fonction suprême. Au cours de sa carrière, il a été vingt-cinq fois ministre, à quinze postes différents : Logement, Défense, Finances, Santé, notamment. Il a dirigé le pays à six reprises et demeure la personnalité ayant exercé le plus longtemps la fonction de Premier ministre dans l’histoire d’Israël, devant David Ben Gourion, le fondateur de l’État d'Israël.
Redoutable tacticien, son parti, le Likoud, s'allie avec presque tous les partis politiques israéliens : de la gauche travailliste à l’extrême droite, en passant par les religieux ultra-orthodoxes et même les Arabes israéliens. Il n’hésite, d’ailleurs, pas à se fâcher avec ses anciens alliés, à diviser son propre parti, à cumuler jusqu’à quatre portefeuilles différents en même temps ou à promettre des lois qui ne verront, pourtant, jamais le jour. Ses partisans l’appellent "le magicien", ses détracteurs, eux, le surnomment "le bulldozer".
La poignée de main historique avec Yasser Arafat
C’est sur la question palestinienne que ces louvoiements se révèlent les plus manifestes. Tout au long de sa carrière, Benyamin Nétanyahou s’emploie à ralentir les tentatives de création d’un État palestinien, quitte à changer plusieurs fois de discours.
En 1995, lors d’un gigantesque rassemblement à Tel-Aviv, il harangue la foule, dénonçant Yasser Arafat, le dirigeant palestinien, d’avoir "les mains couvertes de sang", et l’absurdité des accords de paix d’Oslo. Dans les rues, des manifestants appellent à la mort d’Yitzhak Rabin, un mois seulement avant l’assassinat du Premier ministre par un Juif ultranationaliste. Pourtant, moins d’un an plus tard, Benyamin Nétanyahou serre la main de Yasser Arafat à plusieurs reprises, sous la pression des États-Unis de Bill Clinton.
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Quatre ans plus tard, nouveau revirement : il tient des propos totalement décomplexés sur les Palestiniens dans une vidéo tournée secrètement. "Il faut les frapper. Pas une seule fois, mais plusieurs fois, si durement que le prix qu'ils paient soit insupportable." Moins d'une dizaine d'années après, nouvelle volte-face : Benyamin Nétanyahou accepte pour la première fois l'idée d'un État palestinien sous conditions.
Les médias : ennemi numéro un
À partir de 2009, il ne quitte plus le pouvoir, à l’exception d’une seule année passée dans l’opposition. Il reste plus de quinze ans d’affilée à la tête du pays. Une longévité politique particulièrement controversée. Il lui est reproché de verser dans le populisme et d’être prêt à tout pour sauver sa peau. En pleine campagne électorale, Benyamin Nétanyahou débarque sur les plateaux de télévision, entouré de ses supporters qui sifflent et chahutent ses opposants, ainsi que les journalistes. Les médias deviennent, dès lors, son ennemi numéro un. "Bibi" accuse les journalistes de fomenter un coup d'État contre lui.
Cependant, en face, la presse indépendante le prend, elle aussi, pour cible. En 2016, Benyamin Nétanyahou est accusé de corruption pour avoir accepté des cigares et du champagne de la part de généreux donateurs et pour avoir passé des accords secrets afin de s'assurer d'une couverture médiatique favorable. Il devient ainsi le premier chef de gouvernement à être jugé devant un tribunal dans un procès pénal.
L’actuel Premier ministre se rapproche également des dirigeants les plus autoritaires au monde : le Brésilien Jair Bolsonaro, le Hongrois Viktor Orbán, l'Indien Narendra Modi ou encore le Chinois Xi Jinping. Il s'attaque aux fondements mêmes de la démocratie israélienne, notamment avec une réforme contre la Cour suprême, le seul véritable contre-pouvoir dans le pays. En 2023, près de 200 000 Israéliens manifestent dans les rues de Tel-Aviv. Du jamais vu. Une contestation qui s’interrompt brutalement après les massacres du 7-Octobre.
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