Benyamin Nétanyahou (3/4) : une communication politique maîtrisée
Avant de devenir un maître de la communication politique en Israël, Benyamin Nétanyahou s’est d’abord aguerri devant les caméras américaines. De ses débuts timides dans les médias à ses leçons auprès de Lillian Wilder, il transforme chacune de ses apparitions en une arme de communication massive.
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En mars 1983, alors en pleine guerre du Liban, Benyamin Nétanyahou réfute les accusations contre l'armée israélienne. À cette époque, il est ambassadeur adjoint d'Israël à l'ONU et c'est la première fois qu'il passe en "prime time" sur un grand network américain. Il apparaît fatigué et mal rasé : une séquence ratée. Jamais plus l'actuel Premier ministre israélien n'apparaîtra dans cet état. Son rapport aux médias devient une obsession, et perfectionner ses interviews se transforme en une occupation à plein temps.
"Utilisez ce qu’il y a de spécial en vous, votre vrai moi" : ce conseil vient de l’une des plus célèbres coachs en communication des États-Unis, Lillian Wilder. C’est elle qui va former l’animatrice star Oprah Winfrey ou le président George W. Bush. Elle est également celle qui prépare Benyamin Nétanyahou à sa fonction d’homme publique. Avec l’aide d’un journaliste et de sa deuxième femme, il installe même un studio télévision de fortune dans leur appartement new-yorkais.
Nétanyahou, star médiatique
Benyamin Nétanyahou est encore inexpérimenté. C'est un diplomate et non un acteur, comme il dit. Néanmoins, il apprend rapidement et son talent oratoire ainsi que ses idées font le tour de Washington. Il sort son premier ouvrage sur le terrorisme : Comment l'Occident peut gagner. Ce livre devient même une référence pour le président des États-Unis de l'époque. Ronald Reagan, en fait la promotion : "Vous devriez lire ce livre", dit-il dans un journal.
Auréolé de ses succès médiatiques en Amérique, Nétanyahou décide enfin de revenir en Israël en 1988 pour tenter d'entrer à la Knesset, le Parlement israélien. À cette époque, l'État hébreu n'a qu'une seule chaîne de télévision nationale et un seul "talk show" diffusé le vendredi soir. Pendant le shabbat, les Israéliens découvrent alors un homme politique nouveau, sans cravate et à la chemise ouverte. Au journal télévisé, on annonce qu'il se lance dans la campagne électorale pour devenir député. Les journalistes israéliens se méfient, malgré tout, de ce politicien jugé trop américain à leur goût. Benyamin Nétanyahou, lui aussi, reste sur ses gardes. Il n'apprécie guère ces journalistes qu'il estime trop à gauche, et que son père appelait, péjorativement, les bolcheviques. Ses relations avec les journalistes déjà tendues ne cesseront jamais de se dégrader.
La guerre du Golfe, tremplin médiatique pour Benyamin Nétanyahou
Le 16 janvier 1991, George W. Bush annonce l’entrée en guerre des États-Unis en Irak et au Koweït. Le lendemain, en représailles, l’Irak de Saddam Hussein tire des dizaines de missiles Scud sur Tel-Aviv. Des centaines de milliers d’Israéliens se réfugient dans des abris. La guerre du Golfe est l'occasion rêvée pour Benyamin Nétanyahou de réaliser un coup médiatique retentissant : il offre à la chaîne de télévision CNN l'un de ses "scoops" les plus spectaculaires. À l’écran, en direct, en pleine alerte aux missiles, Benyamin Nétanyahou accorde une interview, un masque à gaz sur le visage. L’image fait le tour du monde. Le ministre, parlant un anglais couramment, devient le porte-parole idéal de l’État hébreu. Lors de l'émission, il illustre aussi, cartes et dessins à l'appui, l'isolement d'Israël, entouré par le monde arabe, une arme de communication visuelle extrêmement efficace qu'il tient de sa première coach aux États-Unis.
Quelques années plus tard, il n'hésitera pas à réutiliser la même technique à la tribune des Nations unies contre l’Iran : brandissant un schéma sommaire d'une bombe dessinée sur un simple carton, cette image virale fait la une de tous les journaux et lui permet de prendre le monde entier à témoin.
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