Juliette Gréco, chanteuse nue au Brésil
Juliette Gréco, fin 1950, donne ses premiers concerts à l’étranger à l’occasion d’un engagement à Rio de Janeiro. Elle découvre à son arrivée que la presse imagine qu’elle chante nue. Un des paradoxes de sa carrière de chanteuse infiniment française…
En partenariat avec l’exposition C’est une chanson qui nous ressemble – Succès mondiaux des musiques populaires francophones à la Cité internationale de la langue française de Villers-Cotterêts, ces chroniques reviennent en détail sur chacune des histoires qui y sont présentées.
Dans le plus chic des cabarets de Rio de Janeiro à la fin de 1950, pour une clientèle qui mêle les touristes fortunés et les hommes d'affaires à la meilleure société brésilienne, le sommet du chic français apparaît sur scène : Juliette Gréco. Elle a 23 ans et sa carrière a commencé à peine 18 mois plus tôt. Pour résumer, c'est une de ces libres enfants de Saint-Germain-des-Prés, un peu comédienne dans quelques pièces de jeunes gens turbulents ou dans des dramatiques de la radio. Un concours de circonstances l'amène à devoir chanter devant un public choisi, trois chansons, dont Jean-Paul Sartre lui-même l'aide à choisir les textes. Les textes proposés par l'écrivain sont Si tu t'imagines, un poème de Raymond Queneau, L'Éternel féminin de Jules Laforgue et Rue des Blancs-Manteaux de Sartre lui-même. L'écrivain l'a envoyée demander des musiques originales à son ami et voisin Joseph Kosma, le compositeur des Feuilles mortes. Et ce sont les trois chansons que Juliette Gréco chante sur la scène du cabaret Le Bœuf sur le toit, à Paris, en juin 1949. Le début d'une carrière dont les derniers concerts auront lieu en 2016, 67 ans plus tard.
À Paris, Juliette Gréco règne sur la Rose rouge, cabaret de la rive gauche où elle chante tard le soir, moulée dans une robe noire dont le col et les manches longues ne laissent apparaître que son visage et ses mains. Des journalistes, en parlant de ses apparitions sur scène, ont écrit des phrases comme : "Sa robe ne laisse rien ignorer de ses formes". Et quand elle arrive au Brésil, c'est son premier voyage en avion, la jeune Gréco est aussitôt emmenée en conférence de presse. Et là, elle réalise qu'une rumeur l'a précédée. Les journalistes croient que sa tenue de scène qui dévoile ses formes, c'est tout simplement qu'elle chante nue. En plus, c'est cohérent avec la rumeur selon laquelle, elle serait l'amante de Jean-Paul Sartre, le scandaleux philosophe existentialiste, c'est-à-dire pornographe. Et confrontée à cette réputation, la jeune chanteuse voit évidemment son trac décupler avant de monter sur scène.
Juliette Gréco fait pourtant un triomphe dans sa robe longue Balmain noir. Son engagement à Rio est prolongé deux mois. Elle va même chanter à la réception d'intronisation du président de la République brésilienne. Et à l'étranger, il se passera quelques années encore avant qu'on la soupçonne de pornographie. Une autre folle histoire de Juliette Gréco à l'étranger, à l'occasion du lancement d'un parfum d'Elsa Schiaparelli, elle enregistre une valse composée par Henri Sauguet avec un seul mot : "Si'. Aux États-Unis, on trouve que sa voix évoque trop quelque chose que ne doivent pas entendre les auditeurs de la radio. La valse des si est censurée en 1957.
Dans cet épisode de C’est une chanson qui nous ressemble, vous entendez des extraits de :
Juliette Gréco, Les Feuilles mortes, 1952
Juliette Gréco, Si tu t'imagines, 1950
Juliette Gréco, L'Éternel féminin, 1954
Juliette Gréco, La Rue des Blancs-Manteaux, 1950
Juliette Gréco, A l'enseigne de la fille sans cœur, 1952
Juliette Gréco, A la belle étoile, 1951
Juliette Gréco, La Valse des si, 1957
Vous pouvez aussi prolonger cette chronique avec le livre C’est une chanson qui nous ressemble aux éditions du Patrimoine.
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